Joli film au scénario minimaliste au final mais extrêmement bien écrit. Je ne m'attendais pas du tout à rester "confinée" dans la cour d'assise. Car on assiste bien au procès d'un infanticide, mis en parallèle avec la vie même du Président de cette cour (et pas Juge). Enfin, ce n'est pas sa vie puisqu'au final, on ne fait que (entra)percevoir dans ce film. Pas d'explication de caractères des personnages : juste un moment T de vies : celles des jurés par exemple (on ne fait que survoler la différence des classe et lors d'une scène dans un restaurant, de manière un peu caricaturale sans être inintéressante), d'une femme médecin-anesthésiste (sublime actrice allemande qui interprète avec éclat et finesse Bitte, et sa fille), de ce Président (vu comme austère, dur alors qu'il mène les débats de manière humaniste et juste - comme il se révèle un amoureux transit et beau) et tout le monde de la justice qui gravite autour (avocats débordés mais surtout ambitieux, assesseurs, témoins paumés...). Cela pourrait être lourd, froid et sans consistance (car sans but au final si ce n'est assisté une tranche de vie ou une "session de procès" et de vie qui va avec : qui reprend vie pour le Président!), c'est tout le contraire : un kaléidoscope de notre société, autour d'un thème difficile (le meurtre d'un bébé). On y ressent beaucoup d'émotions (lors du procès comme dans les touchés, regards, sourires si tendres). On apprend bcp aussi. Personnellement, je ne voyais pas une cours d'assise ainsi : la proximité entre Président et jurés, les débats menés surtout par le Président, le choix des jurés rapidement et le début du procès aussitôt (est-ce la réalité? J'espère que le réal C. Vincent nous tend ici un parfait miroir). Le film démontre aussi que nous nous figeons face à nos idées reçues, concernant ce Président par exemple qui n'est pas ce qu'il laisse entendre (nous ne comprendrons jamais qui il est et pourquoi il est aussi différent dans sa cour). Si on accepte ce parti pris, on se laisse alors prendre par cette petite berceuse émotive et intelligente. Car les dialogues ciselés sont fins et tendres, même dans les moments les plus intenses et durs, face au présumé coupable. Ces scènes sont donc contrebalancées par celles plus intimes entre cet homme et cette femme qui lui a sauvé la vie il y a un certain temps. Ce rôle est interprété avec grande subtilité et sagesse par Luchini (On retrouve sa verve/patte dans sa déclamation d'un poème et sa déclaration d'amour. Comme là, il ne jouait plus et s'était autorisé une petite récréation : juste ce qu'il faut pour ne pas en devenir agaçant).
La réalisation est sobre et parfaite pour faire ressentir l'essence de l'humain. Rares ajouts inutiles ou lourds de musique, pas d'esbroufe donc : droit au but et au coeur. Simple et efficace, sans révolutionner le genre, sans apporter non plus de nouveautés ou de questionnements existentiels sur notre monde et le fonctionnement de la justice (belle leçon du Président sur la notion de "vérité" absolue dans la justice, elle n'existe pas : le but étant d'évaluer selon une règle de droit, avec des faits précis, des preuves ou pas, implacable, selon la conviction intime de chacun). On passe un juste un moment émouvant et terriblement humain.