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Septième Sens
84 abonnés
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3,0
Publiée le 5 décembre 2015
Le temps peut rendre aigri et antipathique le plus doux d’entre nous. Président de Cour d’assises depuis des années, Michel Racine est détesté de beaucoup de son entourage. Sévère et peu causant, il est réputé pour infliger de lourdes peines aux accusés. Jusqu’au jour où une sainte fait une apparition dans son tribunal. Choisie pour être juré dans un procès d’infanticide, Ditte Lorensen va chambouler le quotidien de cet homme.
Par ce récit, apriori simpliste, Christian Vincent confronte deux niveaux de lecture d’ordre privé. La Cour d’assise d’une part, lieu théâtral où les détails les plus intimes d’une vie sont exposés. Puis les rendez-vous « galants » d’autre part, exposant le personnage principal sous un autre jour, plus pudique, moins assuré. Multipliant les enjeux (sociétales, individuels) de son film, le réalisateur bouscule un spectateur qui ne sait pas forcément sur quel pied danser.
L’Hermine est loin d’être une œuvre parfaite et n’a pas l’ambition de marquer les esprits. Néanmoins, elle scrute l’homme et son rapport au monde de façon minutieuse. Dans l’obligation de délaisser l’un de ses thèmes dans son fil narratif, le réalisateur finit par abréger le procès, sacrifié sur l’autel des sentiments. Qu’importe, puisque le réalisateur réussit sa liaison avec souplesse. Démontrant, au-delà des nombreux « on-dit » et autres calomnies décriés dans le film (les collègues de Racine, les témoins du tribunal), qui est réellement ce Président de Cour d’assise. Subtile, à l’écoute et complexé, cet homme se dévoile peu à peu grâce à la finesse de jeu de Luchini.
Tantôt antipathique, sa froideur mêlée à une certaine estime de lui-même se confronte à un autre versant : son total manque de confiance en lui. C’est par l’intermédiaire de Ditte, femme se dévoilant tel un ange dans ce tribunal, que le monstre se révèle être un enfant qui ne sait pas aimer. Touchant.
C'est vraiment un film plaisant à regarder. Il prend le spectateur comme s'il était présent dans la salle d'audience. C'est du cinéma mais c'est théâtral, effet voulu et particulièrement bien mesuré dans cette mise en scène d'une grande finesse et bien ciselée. Ce n'est pas pour rien que le prix du meilleur scénario lui est revenu à la Mostra de Venise, où personnellement je trouve que les films reconnus et récompensés rencontrent davantage leur public qu'à Cannes. Et pourtant on est là dans le genre film d'auteur qui ailleurs nous amène trop souvent des choses quelque peu rébarbatives et absconses, ce qui n'est vraiment pas le cas ici. Autour d'une vague romance entre ce Président de Cour d'Assises et cette femme juré, il y a surtout le procès. L'accusé, l'accusation sordide qui pèse sur lui, sa ligne de défense, ses avocats, son épouse, le Président, les jurés dans leur diversité de caractère, d'âge, de statut social. Chaque acteur, sans exception, semble avoir été choisi, lui et pas un autre, pour interpréter à la perfection ce qui reste une comédie dramatique. Le maximum de réalisme, le ton juste. C'est vraiment du grand art, du bon cinéma. Fabrice Luchini est moins exubérant qu'à l'habitude. On n'est pas chez Rohmer (tiens un courte apparition de Marie Rivière, les cinéphiles comprendront). Quiconque aime le cinéma ne peut pas manquer ce film ! S'il existait un prix d'interprétation collectif reconnaissant globalement le travail et l'apport de chacun, il faudrait l'attribuer à l'équipe de cette distribution artistique. Je vois bien ce film concourir au Prix Louis-Delluc 2015 et l'obtenir.
Très bon jeux d'acteur dont celui sobre de Luchini (ça surprend !). L'histoire est essentiellement un documentaire 'vis ma vie de juge' avec la reconstitution d'un procès. L'amourette n'est qu'une digression sans réel intérêt. D'ailleurs, le film, sans être inintéressant, n'est guère captivant.
C’était notre petit cocorico à la dernière Mostra, et pourtant le nouveau film de Christian Vincent (Les Saveurs du palais, La discrète) sort dans un anonymat immérité. Auréolé du meilleur scénario et du prix d’interprétation pour un Fabrice Luchini exécrable mais amoureux; L’Hermine est une des bonne surprise française de cette fin d’année.
Christian Vincent s’installe dans le Palais de Justice de Saint Omer (Pas de Calais) pour ne peu le quitter, et déroule une dramaturgie douce amère, dans laquelle les errances sentimentales s’entremêlent avec une affaire judiciaire morbide. Luchini (Michel Racine) endosse la cape régalienne d’un président de Cour d’Assise dont l’état grippal, et le divorce qu’il traverse, n’excusent jamais sa misanthropie ; un personnage forcément savoureux donc, et qui encore une fois témoigne du talent du comédien.
Clé de voûte et plaque tournante du récit, Michel Racine conduit le procès d’un jeune homme accusé d’avoir tué sa jeune fille à coups de rangers. Mais lorsqu’une des jurés se révèle être une ancienne désillusions amoureuses, c’est une cour discrète et hantée qui s’engage entre les deux pièces de cette douloureuse procédure pénale. Car c’est avant tout un procès que filme le réalisateur, et plus qu’un procès c’est la justice qui est mise sur un piédestal ; incarnée par ce vieux président grincheux qui rappelle constamment son titre, mais aussi par l’avocat de la défense, le procureur de la République etc.
Christian Vincent analyse le monde des cours d'assises, avec crédibilité et naturel. Les acteurs sont formidables, Fabrice Luchini en tête, capable d'émouvoir comme de tenir en haleine. Pourtant, sans s'ennuyer, on en vient à se demander la portée réelle de cette approche, très distante et convenue. Un peu plus de chair et de conviction auraient permis une meilleure immersion dans le film. Pour en savoir plus, lisez notre critique complète sur :
un film intéressant nous vivons un procès de A à Z sur fond d'histoire d'amour avec la magnifique actrice danoise Sidse Babett Knudsen. tous les seconds rôles et souvent des amateurs donnent une profondeur à l’œuvre. Lucchini est majestueux en juge....pardon en président!!!
un film taillé pour Luchini. certes il est magistral et égal à lui-même dans ses prestations toujours impeccables mais dommage que le scénario s'arrête que sur lui et que tous les seconds rôles sont effacés voire inexistants que ça soit les avocats, les jurés et le présumé coupable.
C'est étonnant comme le film met un temps fou à devenir sensible. Mais on peut comprendre que l'homme met également un temps fou à ôter son manteau d'hermine. Le film flirte quand même souvent avec le documentaire et vous ne saurez même pas la vérité sur l'affaire. On en sort un peu déçu car l'important est relégué au second plan.
Christian Vincent retrouve son acteur Fabrice Luchini 25 ans après "La Discrète" (1990). Le juge se nomme Racine, référence évidente au théâtre dont le tribunal est effectivement un ersatz étonnant avec la scène faisant face au public, les tragédies qui hantent ses coulisses. Le seul vrai soucis reste l'origine un peu légère de cette romance. Le scénario (aussi signé par le réalisateur) reste très intéressant, ne s'attarde pas au risque d'être trop explicatif voir trop pédagogique, et sous couvert d'un théâtre judiciaire il impose doucement mais sûrement un joli message d'espoir et d'optimisme sur une dernière scène simple et émouvante.
Le procès en toile de fond est prenant, l'histoire d'amour entre le président de la cour d'assises et une membre du juré est magnifiquement interprétée par un duo d'acteurs au jeu tout en finesse. Luchini est remarquable et le réalisateur, par ses plans, des regards, des gestes, réussit à capter l'amour de luchini pour cette femme. C'est finalement un film assez bizarre car on suit un procès sur quelques jours sans forcément chercher à connaître la vérité, mais on se laisse prendre par l'histoire qui gravite autour et par les différents personnages présents au tribunal.
Michel Racine est un président de cour d’assises redouté. « Un président à deux chiffres », avec qui les accusés en prennent pour au moins dix ans ! Dans le jury amené à juger un homme accusé d’avoir tué son enfant, il y a Ditte, une femme qu’il a aimée quelques années plus tôt. Le palais de justice de Saint-Omer est donc le théâtre d’un procès au plus près de la réalité et de délicates retrouvailles hors de la salle d’audience. Comment laisser passer une seconde chance avec la belle doctoresse, alors que sa femme est en train de le quitter ? A la froideur mécanique du magistrat et à son côté hautin, Ditte oppose tendresse et empathie avec ses patients. Le double registre « dedans/dehors », « professionnel/intime » fonctionne à merveille. Avec une description d’une parfaite minutie du procès. Les préoccupations des jurés comme le jeu des avocats sont criants de vérité. Même si la partie judiciaire tient une place un peu trop importante par rapport à une histoire sentimentale touchante mais guère consistante. Mais saluons la performance de Fabrice Lucchini qui incarne un président plus vrai que nature. L’hermine lui va si bien qu’elle fait de lui un « Césarisable ». Il le devra aussi au réalisateur Christian Vincent, qu’il retrouve 25 ans après « La Discrète ». Car les dialogues très travaillés sont comme ciselés sur mesure pour la diction du comédien. Il est conforté dans sa sobriété par la prestation toute en tendresse et en retenue de l’actrice scandinave Sidse Babett Knudsen, déjà épatante dans « Borgen ».
Je suis vraiment désolée de donner à ce film une aussi mauvaise note, moi qui suis une inconditionnelle de Fabrice Luchini. Mais je regrette d'avoir à le dire; s'il est parfait dans le rôle qu'il tient (de même que l'actrice féminine), ce rôle n'est pas à la hauteur du grand acteur qu'il est. Je crois avoir compris le message du film, mais c'est en faisant un effort laborieux d'analyse et sans être convaincue qu'on puisse être touché légitimement par ce message: un juge vieillissant, que tout le monde déteste pour son manque d'humanité, la retrouve presque magiquement en présence d'une jurée dont il est tombé follement amoureux lors d'un séjour à l'hôpital où elle l'a soigné comme médecin. D'abord pour nous nous émouvoir, il faudrait que cet homme revienne d'un désert psychologique beaucoup plus aride, qu'il soit au bord du gouffre où il risquerait de tomber en exerçant sans âme un noble métier qui en réclame, or ce n'est pas le cas; ensuite peut-on vraiment croire à ce miracle qui sent sa fleur bleue un peu fanée? enfin faut-il que nos juges soient amoureux pour attendre d'eux qu'ils fassent bien leur métier et que la justice soit mieux rendue? Manque de profondeur donc, manque de sérieux, pour un sujet traité avec une sorte de douce désinvolture tant sur le plan des faits: on ne saura pas par exemple si le père dans le procès qu'on suit est coupable, que sur le plan de la vraisemblance psychologique. N'oublions pas que même un grand acteur ne saurait à lui seul sauver un scénario négligent.
Christian Vincent signe avec « L’Hermine » un film à la fois intéressant et passionnant, notamment par le côté inédit de son sujet. En effet, montrer de l’intérieur le déroulement d’un procès, qui plus est de cour d’assises, a rarement été fait dans le cinéma français. Voire jamais hormis par le biais de documentaires comme ceux de Raymond Depardon (l’excellent « 10ème chambre, instants d’audience »). En prenant comme personnage principal, le président de la cour incarné par Fabrice Luchini et en ne se focalisant que sur une seule affaire il parfait encore plus un scénario dont le matériel de base est en or. Cependant, on sent que le metteur en scène essaye comme il peut de se dépatouiller d’un statisme inhérent à son sujet (l’inévitable champ/contre-champ et plan d’ensemble) dans les scènes prenant place au tribunal. Et il n’y parvient pas vraiment, rendant parfois le film visuellement anodin. On lui pardonne par la force de son histoire et de la manière dont il tente d’éviter les pièges du téléfilm ou du procès filmé. En ajoutant à cela, un parfum d’histoire d’amour et de retrouvailles, il finit de gagner notre intérêt. Ce qui aurait pu parasiter le long-métrage permet de donner du relief à son personnage principal. Dans ce rôle, qui semble avoir été écrit pour lui, Fabrice Luchini ne déçoit pas, comme toujours. Chacun de ses gestes, chacune des nuances de son jeu, chaque intonation de dialogue est parfaite. Encore une fois, certainement l’un de nos plus grands acteurs français. Face à lui on découvre l’actrice danoise Sidse Babett Knudsen qui ne démérite pas et dont le charme discret colle parfaitement aux maladresses touchantes de son partenaire. Les seconds rôles, majoritairement les jurés, sont tout aussi réussis sans tomber dans la caricature du personnage périphérique à caractère unidimensionnel. Mention spéciale pour la toujours très drôle Corinne Masiero. On suit donc le déroulement de ce procès avec attention, tout comme les quelques scènes éclairant l’embryon de relation passée entre ce président et une jurée tirée au sort. Mais le réalisateur réussit également un petit tableau social, peu amène de la région Nord-Pas-de-Calais. Que ce soit avec la longue scène de présentation des jurés entre eux ou par le caractère de l’affaire jugée. Finalement ce sont ces séquences qui permettent au film de vivre par lui-même et de ne pas être qu’un procès mis en scène. Cela et l’interprétation sans faille d’une distribution parfaite.
J'ai trouvé ce film vraiment intéressant, encore une fois Luchini campe à merveille son personnage, on dirait vraiment que le juge d'instruction c'est lui. Il m'a rappelé "La Discrète" que j'ai vu cette année et qui, je trouve, est un film magnifique. Et cette légendaire scène de séduction au restaurant. Tous les acteurs ont un jeu naturel il n'y a vraiment aucune tricherie, malgré des scènes un peu longues je recommande.