Il est difficile de savoir quoi penser du Convoi : médiocre ou non, bon ou mauvais, on ne sait plus trop où se placer une fois le film lancé. Dramatiquement mauvais si l'on ne considère que ses dialogues et son intrigue, il possède cependant cette petite chose qui fait qu'on l'aime ou qu'on le déteste, qu'on l'apprécie tout en étant conscient de ses nombreux défauts.
Et si le film pêche par son rythme, il faudra directement souligner des lignes de dialogues stupides, caricaturales et vulgaires, imitant péniblement la version low cost d'un film de Quentin Tarantino en plein milieu des banlieues. Drôle de huis clos qui nous perd facilement par son manque d'intérêt saisissant, Le Convoi multiplie les grossièretés et les banalités conventionnelles aisément décelables dans des répliques bouche-trous ne servant qu'à tout étirer en longueur.
Lent, plat, le film parvient tout de même à rendre ses personnages un brin attachant, tout caricaturaux qu'ils soient. On ne reviendra pas sur la prestation globale des interprètes, beaucoup trop stéréotypée, caricaturale et surjouée pour que l'on s'y attarde. Hormis le calme froid d'un Benoit Magimel qui n'en a vraisemblablement rien à faire, tous se débrouillent plus ou moins bien avec des dialogues constamment dans l'excès, tirant ou non leur épingle du jeu avec plus ou moins de naturel de jeu.
Détail autrement surprenant, Frédéric Schoendoerffer (réalisateur ayant uniquement battit sa carrière sur des thrillers et films policiers en tous genres) a décidé de couvrir les passages emplis de lumière d'un filtre jaune qui répugne très rapidement. Dès lors, il n'y a plus que les passages de nuit pour que l'on puisse déceler un minimum de travail pictural, ceux en plein jour ou dans la nuit noire (éclairée par quelque lumière artificielle) n'étant guère propice au plaisir des yeux. Ils piquent, propulsent le film dans une banalité visuelle des plus décevantes.
Autrement insupportable, son manque d'originalité fait que le film peine à vraiment se lancer; tout du long, on cherchera la destination de l'oeuvre, vers où les scénaristes désiraient se diriger. S'en éjecte la drôle d'impression de voir un film monotone (appuyée par le timbre d'image linéaire et monochrome) et sans grand relief, qui termine pourtant bien son petit bout de route sans qu'on comprenne réellement le pourquoi du commun.
L'explication du climax est trop simple, trop mal amenée; à l'image de tout le reste, c'est inachevé. Le dernier plan rattrapera pourtant ce Convoi en plein carambolage qui, s'il avait eu de meilleurs scénaristes et réalisateur, aurait eu la marque des grands films d'auteur. Dommage, donc, qu'on ne tienne là qu'un divertissement primaire et faussement viril, qui tente de cacher le vide de ses dialogues par maintes insultes mal placées. L'oeuvre entre directement dans la caricature et le lieu commun, prouvant que l'on y aperçoit un profond potentiel gâché. Pour l'occasion, un remake américain ne ferait guère de mal.