Décidément, le cinéma français aime le réalisme social, d'autant plus qu'il est sombre et austère. Le décor est planté : on est à Roubaix, pas très loin de la frontière belge, dans une campagne humide et froide, les routes sont désertes, les champs s'étendent à perte de vue. Sandrine a perdu son travail, son appartement et elle se retrouve chez sa mère où sa propre sœur vit aussi, le temps de faire construire par son mari une maison neuve. Désespérée de ne pas trouver d'emploi, elle accepte de travailler pour son oncle, qui n'est en fait qu'un piètre trafiquant de chiots. Le désespoir est partout, il est lisible dans les silences, sur les visages, et dans la violence surtout des rapports sociaux qui s'exercent autour des animaux, dans les entreprises ou dans les fermes. Laurent Larivière dont c'est le premier film, s'attache à regarder une famille du Nord, peut-être la sienne, en tous les cas une famille dont il ne peut empêcher de faire surgir une forme de mépris, sinon de compassion ; il radiographie la misère sociale en rajoutant des détails sordides : le vétérinaire est raté, frustré ; la mère est idiote, elle triche aux jeux de cartes quand elle ne travaille pas au rayon boucherie du supermarché, et elle gâche les repas au champagne sous prétexte de pauvreté ; le beau-frère se tue à la maçonnerie sans succès aucun ; la jeune sœur passe ses journées à compter l'argent qui manque et à envier celle de l'oncle ; l'éleveur de chiens vend sa marchandise sans la moindre empathie à l'égard des pauvres bêtes dans le chenil ; seule Sandrine rayonne dans cette cour des miracles macabre avec ses cheveux soignés et ses grands yeux romantiques. Louise Bourgoin tranche avec son air de jeune première au milieu de cette faune obscure et malheureuse. Elle fait ce que le réalisateur lui dit de faire, sans conviction, au point qu'on finit pas ne plus croire en son personnage qui alterne entre délinquance et repentir. Bref, voilà un film où l'on s'ennuie beaucoup, et surtout qui fait mal à cette partie de la France dont on espère un peu plus de beauté et de légèreté.