Je me rend à cette séance dans le cadre de mon travail.
Pas plus emballé que ça par ce film, je sens confusément à la lecture du pitch que l'on va nous proposer un film singeant ses homologues américains, avec force explosions et autres figures imposées désagréables, mais on y trouve Lambert Wilson, Gouix, Ledoyen. Je me dit naïvement que je ne suis pas à l'abri de passer un moment acceptable. Grosse erreur.
Dès le départ, le malaise s'installe, on va vraiment avoir droit à la totale, la crédibilité en moins. Ford mustang noire, ambiance noire, policier noir...qui parle un français parfait, comme tout le reste de la population du pays! Passons, en deux secondes trente, ça défouraille à tout va, ça hurle, ça insulte, le réalisateur conjugue vraisemblablement une sévère addiction à la cocaïne doublée d'une tremblante du mouton qui fait de l'effet à l'écran. Légèreté...
Un centre commercial est l'occasion de voir à l'écran le truc éculé du malfrat traqué, voyant son visage se multiplier sur des empilements de téléviseurs...Tiens, c'est un des mecs de Kaïra Shopping! Je suis bien content pour lui.
Les premiers dialogues sont artificiels, entendus cent fois. Le sang coule beaucoup. La radio (tiens, RTL ou RMC?) alerte la planète, des dangereux criminels sont en liberté! On prend une otage, c'est l'occasion rêvée de voir Virginie Ledoyen en dessous sexy, se dit le réalisateur. Tiens, je vais faire des ralentis et mettre du rouge, se dit-il également.
Le choix d'un nouveau véhicule s'impose. On en arrête un au pif, une douce brebis nommée Lambert Wilson et son agneau malade, et c'est le début des "ferme ta gueule", "qu'est-ce que j'en ai à foutre" et autres amabilités qui vont tenir lieu de dialogues aux spectateurs jusqu'à la fin. Des cadrages dans la voiture, également.
Les personnages se découvrent, on a le chef inexpérimenté, le suiveur qui ne voulait pas être là, et le barjot camé qui reluque l'otage. Il aurait tort de s'en priver, le réalisateur nous a montré qu'elle était bien bonne. J'oubliais le bon père de famille, qui a un comportement...de bon père de famille. Tout cela est neuf, on est surpris, c'est un bonheur.
Je vais m’arrêter là pour ce qui est du déroulement du scénario, mais vous aurez compris qu'on ne nous épargnera pas grand chose, du règlement de compte entre malfrats aux otages récalcitrants. Le saugrenu se produit pourtant plusieurs fois, comme le dézinguage de motards de la police particulièrement incompétents, voire le surréaliste. Mais ce qui pourrait faire la différence, comme la "fête de l'ours", apparaît vite comme une situation d'un ridicule achevé.
Tout cela me donne plutôt l'impression d'être pris pour un imbécile.
La fin du film, après une heure trente de violence injustifiée, de dialogues dignes d'une cité HLM de Bretagne, de clopes à l'écran, et d'un jeu catastrophique de la quasi totalité du casting, accouche d'un dénouement en coup de théâtre navrant. Ça se veut être le piment du film,
mais n'est pas Kaiser Sauzé qui veut.
Quand les frenchies veulent jouer à un mauvais jeu, qui n'est en plus pas le leur, et boxer dans la même catégorie que Mickaël Mann, ça prend souvent l'eau. Là, on patauge sévère.