(...) là ou TOKYO FIANCÉE gagne par rapport à Stupeur et Tremblements, l'autre adaptation d'Amélie Nothomb, c'est pour une raison sans doute trop personnelle: un transfert de ma personnalité de cinéphile/critique vers le personnage d'Amélie-san.
Ce récit allégorique de l'incompatibilité culturelle me renvoie ainsi à ma propre perception du cinéma japonais, et par extension du médium cinéma en général. Comme quoi, ma relative jeunesse et inexpérience du monde ne m'empêche pas de lui vouer un amour tout particulier... Une curiosité sans bornes, et la volonté d'en percer les mystères.
Le moment central et décisif ou Amélie décide d'aller se perdre au cœur d'une magnifique montagne - quitte à en mourir - représente pour moi, ces très récents moments cinéphiles ou j'ai découvert et me suis perdu dans ces chefs d’œuvres que sont Le Voyage de Chihiro, Barberousse, L'Ange Bleu, Opening Night, Sorcerer ou Assaut... Ces moments ou j'ai trouvé ma personnalité critique et mes thèmes fétiches, notamment la symbolique au sein d'une oeuvre, l'importance d'un contexte sur la conception d'un film, l'adéquation entre chacun des éléments techniques au service d'un seul (émotionnel), la portée d'une oeuvre dans l'inconscient collectif (et inversement), la notion d'empathie avec le spectateur...
Également le moment ou j'ai pris conscience de mes limites; De même qu'Amélie se retrouve confrontée à des traditions ancestrales qu'elle fantasme d'incarner, je sais que je ne rattraperai jamais un siècle de culture ciné. Je me suis ainsi résolu, à découvrir cet univers par le présent, par un héritage ré-assemblé possédant ses propres codes. Et comme Amélie, je suis fasciné par la beauté, la singularité et la complexité de cet héritage.
En bref, dans TOKYO FIANCÉE, Amélie Nothomb paraît s'effacer en tant qu'auteur pour permettre, via la solaire Pauline Étienne, la prolongation du regard ethnologico-cinématographique entamé avec Stupeur et Tremblements sur la fascinante culture nippone.
Par des choix de réalisation visant l'immersion dans un quotidien urbain, et grâce à une empathie immédiate envers son héroïne, cette délicate et allégorique romance assure un dépaysement 100% original et rafraîchissant.
Puis, en filigrane, un discours juste et universel sur l'humilité face à la culture, via l'identification au personnage d'Amélie.
L'intégralité de cet avis à propos de TOKYO FIANCÉE, sur le Blog du Cinéma