« Tokyo fiancée » est le feel good movie par excellence, charmant, pétillant, attendrissant mais surtout profondément attachant. Il ne faut y chercher réellement aucun message, ni prouesse de caméra. Le Japon est vu ici à la manière Baedeker, tout en charme et traditions touristiques, avec toutefois une grosse vague de gravité sur la fin. Il s’agit là d’une subjective perception d’un pays, ouverte au courroux des puristes, dont se moquent aussi bien Nothomb que Liberski, puisque le contenant du film est autre. Leur intérêt se porte en effet sur la mise en valeur de cette relation unique qui lie Amélie et Rinri, mais aussi de la confrontation de deux cultures (chacune véhiculant ses préjugés sur l’autre), de la perception de cette petite belge, qui au travers du jeune homme va confronter sa vision fantasmée, voire égocentrée d’un pays, ce qui donne lieu à un festival de scénettes tantôt désopilantes, tantôt tendres, d’un « causticisme » à tout épreuve et d’une fantaisie loufoque sans faille. L’ombre de Nothomb plane sur le film comme elle le faisait dans le roman. Mais ce qui n’aurait pu être qu’une simple bluette sur l’amour qui ne veut pas dire son nom (le roman dans ce sens est plus significatif) se transforme sous nos yeux, grâce au charisme, l’ingénuité de Pauline Etienne, et à l’élégante fragilité, la luminosité de Taichi Inoue en une magnifique love story, qui se situerait quelque part entre « Tokyo mon amour » et « Un trop brève rencontre ». Tous deux exaltent le film et nous font oublier maladresses de mise en scène et une certaine facilité. « Tokyo fiancée » n’a d’autre prétention que de nous toucher, nous charmer, nous émerveiller… bref de passer un excellent moment hors du temps, hors d’un monde terre à terre, où le ressenti et la fraicheur priment plus que la rationalisation. Le tout s’achevant sur un magnifique « Big in Japan » revisité, comme l’est ici la vision adulescente de l’amour, plus délicate, intense et évanescente.