Avis sur Voix off

Ilusiones opticas, Bonsaï et maintenant Voix off. Le troisième film du chilien Cristian Jimenez diffère des deux précédents, manifestement moins original et moins drôle. Un peu cahoteux à vrai dire, à l'image de la famille dysfonctionnelle qu'il nous présente.Trois générations et pas mal de problèmes jusqu'à la décision du pater familias de prendre du recul et de se séparer de sa compagne de 40 ans. Avec aussi la découverte par ses deux filles de son passé caché de Don Juan. Les deux soeurs, superbement interprétées, sont le noyau dur du film. Pas si dur d'ailleurs, pour tous les doutes et toutes les hésitations qui marquent leurs vies. Mais leur relation, complexe, rend Voix off très attachant même si sa structure, toute en lignes brisées, ne manque pas de déconcerter.

Dans ce film franco-chilien où l’action se déroule exclusivement dans une ville chilienne, on suit principalement le personnage de Sofia, interprétée par Ingid Isensée, femme divorcée, et ses rapports avec sa famille. Le film débute par sa naissance avec en gros plan une scène d’accouchement, cela perturbe un peu d’avoir de telles images d’entrée. Sofia doit faire face à la séparation de ses parents après 35 ans de mariage, les problèmes de garde de ses enfants qui n’arrêtent pas de se chamailler, ses rapports avec sa sœur et son ex mari. Voix off est une succession d’instant de vie de cette famille et ses turpitudes. Une histoire banale pas vraiment intéressante. Assez ennuyeux malgré le rythme.

Valdivia est une ville universitaire du Chili, située à 750 km au sud de Santiago du Chili. C'est dans cette ville qu'est né, il y a 41 ans, le réalisateur Cristián Jimenez. Un homme qui aime tellement sa ville qu'il y situe tous les longs métrages qu'il réalise. Bon, d'accord, "Voix Off" n'est jamais que son 3ème, venant après "Ilusiones Opticas"en 2009 et "Bonsái" en 2011. Le début de "Voix Off" fait craindre le pire : on n'y comprend rien, on s'y perd dans la famille que le réalisateur nous présente, on ne sait pas très bien qui est qui. Et puis, petit à petit, la situation s'éclaircit et le film gagne en intérêt. Il y a donc 4 générations avec la vieille mamie, sa fille Matilde, mariée depuis 37 ans à Manuel, leurs 2 filles, Sofia, fraichement divorcée de Karishim, et Ana, mariée au français Antoine. Sofia et Karishim ont 2 enfants, Alicia et Roman, et un chien. Ana et Antoine viennent d'avoir un enfant et ils quittent la France pour voir ce que cela donne de vivre ensemble au Chili. Vous avez compris : "Voix Off" est un film choral, genre dont Cristián Jimenez s'est fait une spécialité. On y parle de séparations au sein d'un couple (en fait, au sein de 2 couples), du fait qu'on ne connait pas toujours très bien des gens dont on est pourtant très proche, des problèmes que peuvent causer les rumeurs, de la façon d'allaiter un bébé, de la façon d'élever ses enfants, de la dépendance au téléphone portable et à la télévision, du végétarisme, ... Curieusement, le ciel semble presque toujours bleu à Valdivia, ville où, pourtant, il pleut 200 jours par an. Dans la distribution, on remarque particulièrement le jeu intense de Ingrid Isensee qui joue Sofia. Un film parfois maladroit mais auquel on finit par s'attacher.

Cristian Jimenez est sensé nous embarquer dans une histoire de famille avec ses petits secrets, à partir du désir d'abstinence de connexion de l'un des membres. Il nous laisse rapidement et définitivement sur la touche. Le scénario est poussif, complètement inabouti. La réalisation est ratée. L'image est celle d'une caméra qui nous fournit trop souvent du pixel visible, avec des séquences où la caméra bouge un peu tout le temps, sans aucune raison. Les personnages sont mal dirigés et ne convainquent jamais (mention spéciale au père de famille Manuel, pas crédible pour un sou). L'ennui guette rapidement et les turpitudes des protagonistes n'y peuvent rien. Aucun progrès n'a été fait depuis Bonsaï. Amateurs de cinéma sud américain passez votre chemin.

Après Ilusiones ópticas et Bonsái, c’est le troisième long-métrage de Cristián Jiménez. Et c’est peut-être son film le plus homogène en qualité, le plus maîtrisé narrativement (avec ellipses et voix off). Mais c’est aussi son film le moins original. Après les drôles de récits croisés d’Ilusiones ópticas, la métafiction littéraire et les flash-back de Bonsái, le réalisateur chilien propose une « simple » tranche de vie familiale, dans un style très « cinéma indépendant » (caméra mobile, image gros grains…). L’expérimentation stylistique aurait pu se situer du côté de la voix off, mais les idées en la matière ne sont pas assez poussées ou décalées pour donner au film son originalité. Sur le fond, la chronique familiale, avec ses moments tendres ou vachards, ses drames et sa drôlerie, ses révélations troublantes, se tient bien. Le récit est agréable à suivre. Tous les personnages ont leur petite épaisseur. Et certaines relations ne manquent pas d’intérêt : entre père et filles, entre sœurs, entre arrière-grand-mère et arrière-petite-fille (avec une amusante idée de communication sur Internet, joliment conclue). Bref, l’ensemble est assez attachant, à défaut d’être mémorable.

Courez voir ce film, qui nous parle de comment ça marche une famille. Une histoire qui met en perspective les générations. Qu'est-ce qu'un père ? Comment une fille s'en sert-elle pour se construire ? Quid du prisme maternel dans la perception de cet être étrange qu'est un homme. "Voix off", c'est aussi l'accent mis sur la parole, qui vient d'ailleurs, qui provient d'un hors champ. Une belle aventure cinématographique, selon moi.

Un joli film réunissant quatre générations d’une même famille ; enfants, adultes et seniors, incarnés par des acteurs justes et attachants. Un film foisonnant, drôle et tendre. Le drame se noue autour du père qui quitte sa femme sans explication et devient tour à tour dans les yeux de ses filles homo, pervers ou séducteur. Les adultes n’aimant rien mieux que juger leurs parents…
Les relations familiales faites de cruauté et de tendresse, de jugement et d’entraide donnent lieu à des situations cocasses où les femmes ont le beau rôle. On s’y perd parfois dans ces rebondissements burlesques et dans les échos qui se nouent entre les situations répétées, mais la justesse des échanges nous porte à réfléchir à notre propre comportement avec nos proches. Et on passe un bon moment gai et dépaysant.