C'est certes long... De belles images. Des personnages blessés par la vie, cherchant un derivatif à leur douleur. Une grande pudeur dont decoule de l'incomprehension liée à tous ces non-dits. Et malgré tout un lien se crée. De l'amour. Inconditionnel.
Casey Affleck, 41 ans, frère de Ben Affleck et acteur au parcours quasi-irréprochable depuis ses débuts auprès de Gus Van Sant dans "Prête à tout" et "Will Hunting". "Manchester by the sea", du très rare Kenneth Lonergan, le voit se confondre avec un homme brisé, présenté, dans ses premiers instants, d'une manière tragi-comique à travers ses interactions avec les habitants d'immeubles dont il est l'homme à tout faire. Bourru et vide, le personnage semble tout droit sorti des plaines enneigées d'un film des frères Coen. Mais lorsque son frère meurt et qu'il devient le tuteur de son neveu, le passé ressurgit tout comme ses lourds démons. "Manchester by the sea" est avant tout une performance d'acteur incroyable, un projecteur tourné vers l'un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Casey Affleck bouffe littéralement l'écran et ne laisse que peu de place aux seconds rôles pourtant tous plus que corrects. L'histoire, distillée au compte-gouttes à travers des flash-back alternant les scènes de bonheur et d'insouciance et celles de cauchemar éveillé, permet à l'acteur principal de multiplier les visages et de livrer une composition tout en retenue émaillée par des accès de rage et de brutalité. S'il est vrai que le film peinerait à exister sans sa présence, il ne faut tout de même pas oublier la qualité d'un scénario sur un homme d'âge mûr face aux pires aléas de la vie qui va ressusciter petit à petit au contact d'un neveu plein de vie et de projets. Le tout, accompagné d'une galerie de personnages secondaires assez admirables, eux aussi marqués par la dureté de la vie."Manchester by the sea" est le film d'une carrière pour Casey Affleck. Pour le reste, il s'agit d'une tragédie familiale bien écrite mais souffrant d'une mise en scène trop terne et grisonnante pour scotcher le spectateur au fond de son siège.
Transposant dans son décor (l'action se déroule en hiver dans une ville enneigée) la vie d'un être effondré sur lui-même traversant la vie moins comme un fantôme que comme un minéral, le film propose une évocation du malheur et du sentiment de culpabilité sans jamais verser dans le larmoyant ni chercher, ce qui est rare, la compassion du spectateur. Entrecoupé de flask-back dévoilant peu à peu le drame ayant frappé Lee quelques années plus tôt, le récit se peuple de plans géométriques et verticaux, dans lesquels Lonergan fait évoluer son personnage principal au sein d'un monde quasi-cellulaire où toute sortie du cadre est impensable. Images d'une vie de laquelle ont disparu rondeurs, courbes, aspérités et toute possibilité d'échapper à ce qu'on traverse. Aux dialogues secs succèdent des scènes d'une vie quotidienne se révélant invivable (le mutisme de Lee lorsqu'il est invité à prendre un verre chez quelqu'un). Au fond, le personnage paraît souvent moins victime et souffrant qu'imperturbable et intouchable et il lui faut faire au mieux avec ce qui est bon pour les autres et ce qui est devenu impossible pour lui. Evocation intelligente, tragique et poignante de l'irrémédiable.
Le film que j’ai préféré en 2016, pour l'émotion qu'il dégage. Pourtant, le résumé ne donnait guère envie, alors que c'est tout sauf une énième histoire de type qui, contraint de rentrer chez lui, voit son passé resurgir. Car si c'est bien le sujet, son passé n'est pas celui de n'importe qui et c'est fait avec brio : excellent timing, qui dévoile les choses juste quand il faut. Concernant la performance de C. Affleck, je ne suis pas surprise du grand écart entre les commentaires positifs et négatifs. Pour moi, C.A. dans ce rôle est une page blanche, on y met ce qu'on apporte : ou bien l'émotion ressentie ; ou bien rien du tout, si on regarde les choses objectivement. Il ne faudrait pas oublier que quand le scénario est bon et le ton juste, on tient 75% du film ; C.A. ne fait pas grand chose et ça passe haut la main ! Quand les rôles secondaires ne sont pas au niveau, ça se voit bien plus, or ceux-là (le neveu et ses petites amies, l'ex épouse...) sont très bons. A noter également, la juste dose d'humour qui permet d'éviter le mélo. Et pour finir par le bémol, je reconnais que, moi aussi, je me suis ennuyée ; plutôt, j'ai failli m'ennuyer car comme j'en prenais conscience, l'action a redémarré.
Casey Affleck incarne Lee Chandler, un personnage au passé douloureux qu'il traine avec lui, jour après jour. La douleur lui colle à la peau. Il est remarquable dans ce rôle d'homme meurtri, solitaire, tourmenté... exprimant le désespoir, la gentilesse, la (maladroite) délicatesse et la colère. Malgré l'atmosphère tendue et sombre, on retrouve quand même des pointes d'humour.... Sa relation avec son neveu Patrick (Lucas Hedges) est touchante, intéressante et ce jeune acteur affirme vraiment son talent d'acteur. Les plans (notamment de paysages) sont très beaux, chacun apporte sa force à l'ensemble du film et la BO est super. Les flashback, récurent dans ce film, sont judicieusement répartis.
Donc en ce qui me concerne, les critiques sont peut-être un peu trop élogieuses, ce n'est pas un 'chef-d'oeuvre' mais Kenneth Lonergan a réalisé un beau film.... Dur, réaliste, sincère et touchant.
Une vraie poésie en images, racontée, vécue, subie par un Casey Affleck fidèle à lui-même et à son jeu d'acteur très morne. On culpabilise presque de trouver de la beauté là où il ne devrait pas y en avoir et c'est bien là la prouesse du réalisateur. Le scénario est terre à terre et n'épargne pas le spectateur, on reste accroché au film jusqu'à la dernière seconde.
Encore un film qui pêche surtout par sa longueur. Il semble que ce soit devenu une manie pour les auteurs bien en vue (les autres se feraient jeter !) de délayer outre-mesure leur scénario. Manière de dire au public : vous voyez j'en ai fait plus de 2 heures, c'est donc que mon histoire était profonde, qu'il y avait des choses à dire, à explorer... Oui sans doute, mais ça pouvait rentrer dans un format plus standard. Sur le fond, un drame familial qui resurgit à l'occasion des retrouvailles autour d'un décès. Accident dont le spectateur ignore tout pendant un long moment. Alors que les personnages eux savent bien sûr. Que ça peut être agaçant et surtout nécessiter une grande attention pour suivre et reconstituer le puzzle que finalement on nous livrera assemblé tout d'un coup. Cette attente et ce mystère pour ça ! Aucune autre justification que de faire durer ! Et une fois la clé donnée, encore des longueurs à suivre la difficile reconstruction des protagonistes.
Tout simplement superbe extraordinaire. Tout y est grand : la mise en scène, le jeu des acteurs, le scénario. Pour moi sans conteste le film de l'année.
Ce n'est pas parce que l'adagio dit "d'Albinoni", un brin usé côté émotionnel, est utilisé (entre autres musiques "classiques") en point et contrepoint dans "Manchester by the sea" que l'on devra l'étiqueter "mélo" (avec un grand rien de mépris), après l'avoir visionné. Cette histoire de gens ordinaires d'une communauté soudée de Nouvelle-Angleterre frappe surtout par la sincérité du propos : pas d'artifice, pas de pathos "travaillé". "Patrick", un ado brutalement privé d'un père aimant spoiler: (et qui essaiera en vain de se rapprocher d'une mère naguère indigne, aujourd'hui sous influence sectaire ), est en apprentissage (souvent douloureux) de la vie. Son oncle, "Lee", qui a reçu de son aîné la charge de veiller sur le jeune homme, est aussi en apprentissage - ou plutôt en réapprentissage - de la vie : comment oublier un passé épouvantable.... comment dépasser l'étouffement de la culpabilité, comment soulever la chape du fracassement de personnalité.... Kenneth Lonergan (auteur et metteur en scène) ne juge pas, ne met jamais le spectateur en position de voyeur - tout est là, mais délicatement montré, la plupart du temps esquissé, entre présent et nombreux flash-backs. Une belle réussite, avec des acteurs magnifiques, Casey Affleck et Michelle Williams surtout.
Le film est trop long. Dommage car le scenario, le jeu des acteurs, le cadre avaient tout pour faire un grand film. Mais cela traîne en longueur, démarre beaucoup trop lentement.
Quand son frère Joe (début de cinquantaine) fait le malaise cardiaque de trop, on imagine que Lee (10 ans de moins), déclassé et solitaire, désigné tuteur testamentaire de Patrick, 16 ans, son neveu, va saisir l'occasion de renouer avec une vraie vie de famille. Mais cette boule de douleur - donc aussi de violence (depuis le drame abominable que l'on va rapidement découvrir à l'écran), en quête plus de châtiment que de rédemption, ne se sent pas de taille pour mener à bien cette tâche de "gardien", pourtant voulue comme salutaire à son endroit par son aîné. Si l'on peut avoir un peu de mal à entrer dans l'univers de "Manchester-by-the-sea" (ce fut mon cas !), lent, voire compassé, au début, l'émotion qui vous étreint à l'évocation du drame évoqué supra ne vous quitte plus. Une histoire (d'hiver) de gens simples ("petits Blancs" d'un ravissant port de pêche du Massachusetts - station balnéaire pour les riches Bostoniens, l'été) contée par le scénariste et réalisateur Kenneth Lonergan (auteur dramatique connu, par ailleurs) avec une remarquable finesse, et sans mièvrerie (tout en non-dits, et pointillés). Fort et poignant pour autant - rien d'un "mélodrame" (si on utilise ledit vocable avec condescendance, voire mépris - comme une certaine critique pro en a volontiers l'habitude). Grâce à une distribution remarquable de justesse, emmenée par un Casey Affleck une nouvelle fois époustouflant.
Un film bouleversant, tout en pudeur, portés par des acteurs au top, petits et grands rôles. J'adore notamment Michelle Williams, merveilleuse actrice. On ne sort pas indemne de la salle après avoir vu ce chef d'œuvre.
Casey Affleck brille de mille feux dans ce magnifique mélodrame, et montre une nouvelle fois qu'il n'a rien à envier à son frère. Le film bénéficie d'une intensité qu'on ne retrouve plus vraiment dans les mélodrames des années 2010. La storyline et le montage sont vraiment excellents, ils permettent de retracer une partie de la vie de Lee, homme brisé, avec brio. Michelle Williams est excellente, bien que trop peu présente. L'Oscar est pressenti pour Casey Affleck, ce qui serait tout à fait juste.