Le bouche à oreille, en particulier, a tant fait pour la réputation de ce film que les cinémas de quartier le reprennent. Voilà qui m'a permis de combler une lacune.
Impression dominante? Une petite déception. Sans doute, parce que j'en attendais trop.... Mais le film de Kenneth Lonergan est bien fait pour le public français, tant par son ton, son style, il se rapproche de ce que nous aimons appeler notre "exception culturelle"
Lee Chandler (Casey Affleck, qui s'est bien étoffé....) est gardien dans un immeuble à Boston, ce qui veut dire qu'il fait au noir toutes sorte de petites réparations, électricité, plomberie.... Comme il est assez joli garçon, certaines des locataires lui feraient bien des avances, mais Lee est un ours, mutique et mal léché. Dans une autre existence, il vivait dans une petite ville portuaire, Manchester by the sea, allait à la pêche avec son frère, Joe -les deux frangins sont très unis- et son petit neveu, Patrick. Mari et père aimant, certes, mais Lee avait aussi des copains, avec lesquels il faisait beaucoup la bringue, consommant moultes bières et même de la came. On découvrira, mais pas tout de suite, qu'un épouvantable drame a déchiré sa vie, dont il n'est pas totalement responsable, mais en partie quand même, à la suite duquel son épouse Randi (Michelle Williams) est partie. Et à la suite duquel son existence à Manchester est devenue impossible.
Jusqu'au jour où Joe (Kyle Chandler), qui souffrait d'une maladie cardiaque disparaît brutalement. La mère de Patrick, une dingue doublée d'une alcoolique, s'est évanouie dans la nature, et Lee se retrouve en charge du petit neveu (l'excellent Lucas Hedges, qui incarne idéalement cet ado sympa, travaillé par ses premières amourettes, et en même temps ravagé par ce qui lui arrive). Le film, c'est donc cela: le refus de Lee d'accepter cette responsabilité, malgré toute l'affection qu'il porte à son neveu; le refus de Lee de revenir vivre à Manchester où son passé lui revient sans cesse au visage; face à un ado qui sait bien ce qu'il veut, rester dans sa maison, poursuivre sa vie, garder surtout le bateau; un ado avec lequel il passe de phase de complicité à phase d'affrontement.... C'est sensible, intelligent, très intelligent et très juste -mais un peu délayé. Un peu long. Un peu trop de musique sirupeuse et envahissante. Une belle description du deuil -mais qui, là aussi, tire souvent à la ligne. C'est très bien -mais pour moi ce n'est pas un chef d'oeuvre.
A signaler une magnifique photo. Certaines images sont composées comme un tableau