Il s'appelle Lee Chandler, il travaille comme concierge dans une cité qui comprend 4 immeubles, il est d'une tristesse infinie, gonflée de solitude, et il perd son frère, d'un arrêt cardiaque, laissant son fils Patrick, 16 ans, dont il va devoir s'occuper. Rarement, depuis quelques mois, une émotion n'aura été aussi intense et belle. Casey Affleck incarne un homme ordinaire, d'une mélancolie profonde, tiraillé par un passé terrible. D'ailleurs, tout le film est truffé d'incursions dans ses souvenirs, permettant ainsi de faire le lien entre le présent de la narration, et ce qui a conduit le héros dans ce désastre de vie. Tout est beau dans ce long-métrage : les regards, la douleur contenue, les paysages marins, les rires aussi, les photographies de Manchester by the Sea dont on imagine que le réalisateur est très attaché. L'émotion qui transpire de ces gens n'est jamais brute, jamais violente. Au contraire, Kenneth Lonergan met en scène des personnages complexes, sensibles, tout en tenant compte d'un environnement méfiant et humain. L'adolescence qui est un thème central du film, bien plus que le deuil ou la perte d'un parent, est immensément mise en scène par le réalisateur, donnant à voir un enfant tout aussi attachant que repoussant, égoïste et altruiste, agaçant et touchant, bref un ado comme les autres, sinon que la vie lui fait vivre des épreuves qu'on ne souhaite à personne. "Manchester by the Sea" est sans doute la plus belle des œuvres cinématographiques de cette année 2016.