Le film vaut surtout pour l'interprétation magistrale de Diane Kruger qui tient ici le rôle de sa carrière, en tout cas un tournant certainement vers des rôles plus murs et marquants. C'est tout ce qu'on lui souhaite tant elle irradie de douleur tout au long du film, de manière censée, "naturelle", humaine. Elle respire ce rôle, elle est cette femme meurtrie par un attentat odieux qui bouleverse alors sa vie et son avenir. Ce film démontre toute l'horreur que nos sociétés vivent depuis qq années et le non-sens de cette forme de barbarie. Mais, n'en déplaise aux critiques, il n'est pas un pamphlet pour la vengeance personnelle ou sur la bêtise du terrorisme, quelle que soit sa forme. Il est avant tout un film narrant la douleur innommable de la perte, le parcours d'une femme vers la mort, l'impossibilité de vivre "sans" l'autre ou "avec" la douleur. Un film d'amour en qq sorte.
La caméra colle donc au plus près de Diane Kruger. Seule presque la partie "tribunal" permet de souffler, mais en filmant les coupables, pas sur de pouvoir échapper au regard terrible de la souffrance.
Pourquoi alors une note de 3 étoiles ?
Car le film souffre trop de grosses ficelles qui m'ont indisposées au final. On ne s'ennuie jamais malgré la lenteur relative, les faits explosant peu à peu. Mais, le jugement rendu parait grossier par rapport à la minutie des preuves apportées, la véracité des témoignages. Le passé des "héros" est trop mis en avant, comme si la 2ème chance n'était pas possible et le personnage du mari n'est d'ailleurs pas assez montré "positivement" pour avoir de l'empathie immédiate pour lui. Tout dépend dc bien de la femme, Diane Kruger, qui amène tous les éléments de rédemption, positifs sur sa vie, cet homme. Un peu juste pour moi.
Comme si de tte façon, il fallait amener à la dernière partie de vengeance...irrémédiablement. Point. Il aurait fallu que les faits rapportés soient moins flagrants, cette vengeance n'en aurait pas moins paru nécessaire pour cette femme.
Car au-delà de son acte contre des monstres, on entend plus son souhait d'en finir, de rejeter la vie qui revient en elle
(voir la scène du retour des règles).
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Cette dernière partie parait donc vaine, même si prenante et dramatique. On sait que cela aboutira ainsi. Le suspense est rapide, même si, encore une fois, Diane Kruger nous permet de "tenir" jusqu'au bout vers cet ultime moment que l'on sait arriver.
Reste un beau film, véritable mélo assumé sur nos sociétés malades que l'amour seul ne peut sauver.
J'espère que Diane Kruger continuera sa moisson de prix et développera sa carrière, je la découvre moi-même ici. Elle vit la douleur, elle ne surjoue à aucun moment, elle vibre de désespoir, acceptant d'aller très loin en elle je pense, et nous entraînant avec elle. Le réalisateur a trouvé ici le sel de son film.