Fatih Akin, depuis « De l’autre côté » moi c’est un gars que j’ai toujours à l’œil. Je l’ai toujours à l’œil parce que ça me surprend à chaque fois que, malgré une forme qui ne me convient guère d’habitude, son cinéma peut parvenir à me toucher. Je viens tout juste d’évoquer « De l’autre côté » et ce n’est pas un hasard. Pour moi ce film c’est la quintessence de ce qu’Akin est capable de produire. C’est cru, voire presque un peu poisseux, mais au final il y a quand même une véritable force qui ressort de cette sécheresse là ; de cette réalisation à fleur de peau. Et si je vous dis tout cela avant de vous parler de « In The Fade », c’est parce que je pense que ce film a l’air d’être pensé plus ou moins dans la même veine. On prend des personnages lambdas plongés dans un monde bien banal, et puis un enchainement d’événements qui les dépasse les amènent à se bouffer dans la tronche une réalité du monde bien rude ; quelque-chose qui n’est qu’une réalité abstraite et qu’on ne connait qu’aux informations mais qui là devient une réalité qui s’ancre dans la chair des gens. D’une certaine manière, « In The Fade » n’échoue pas vraiment sur ce point là. Si le début m’a totalement laissé indifférent (mais bon, ça c’est comme chaque film d’Akin), je dois bien avouer qu’à partir du moment où l’élément perturbateur est posé, je me suis globalement laissé prendre. Pour moi, ça a marché quand le film savait être sobre et cru ; quand les éléments tombaient sèchement sans préliminaires ni emphase. La partie II est d’ailleurs pour moi la plus réussie parce que, aussi bien dans le fond que dans la forme, on est dans ce genre de démarche très froide et brutale. Seulement voilà, si au final je ne mets que deux étoiles à ce film, c’est parce que malheureusement il ne remplit pas entièrement cette promesse là et, surtout, je trouve qu’il se perd dans son dernier tiers. Parce que oui, j’avoue qu’en termes de sobriété, il y a quand même quelques moments qui auraient pu être évitables. Les scènes de pleurs et de désarrois, moi, je n’ai pas besoin qu’on m’en mette des tonnes pour que je sois en empathie avec le personnage. Du coup, quand un réalisateur s’attarde sur des moments de pathos, je ne peux m’empêcher de le percevoir comme une facilité qui peut vite m’énerver. Heureusement, ces excès sont ici modérés, mais ils sont là, et ils ont quelque peu nui à mon immersion. Mais bon, comme je le disais à l’instant, pour moi le vrai problème, ce fut surtout ce dernier tiers durant lequel on se rend compte qu’en fait… bah on ne pas vraiment nous dire ou nous révéler grand-chose de plus que ce qui a été montré lors de la partie II. Pour le coup, j’ai vraiment vécu ce dernier tiers comme une évidence qu’on a délayé pendant un temps bien trop long, si bien que j’ai accueilli la fin d’un « ouf de soulagement », ne ressentant rien par rapport à ce qui m’avait été montré et qu’avait anticipé depuis un petit bout de temps déjà… Alors du coup, quand est venu le moment de faire le bilan au sujet de ce film eh bah j’avoue que ça a été compliqué pour moi d’en tirer de bonnes choses. Certes, j’avais quelques bons moments en tête, mais d’un autre côté je tombais un peu des nus face à une histoire qui, au final, ne m’a que très peu dit de choses sur l’humain et m’a très peu requestionné. C’est bête, parce que pour le coup je trouve que c’était aussi là-dedans que se trouvait la force des films de Fatih Akin. Cette force, malheureusement, je ne l’ai pas retrouvé dans ce « Ijn The Fade », et ce n’est pas l’interprétation propre mais quelconque de Diane Kruger qui a pu changer quoi que ce soit à cette donne… Bon alors après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)