Tel est pris qui croyait prendre...qui n'est pas le pris qu'on croyait prendre ? Pour résumer Mademoiselle de façon intelligible, on dira que l'on s'est senti porté par le récit de tromperie bien rodée d'une riche héritière un peu naïve par deux voleurs qui la flattent, jusqu'à ce qu'un twist (motus, on vous laisse la surprise) totalement inattendu nous tire le tapis sous les pieds. Et alors qu'on remettait en question tout ce que l'on croyait savoir, voici qu'un second twist nous achève alors qu'on était toujours au sol. Fonctionnant en trois parties, Mademoiselle a démontré encore la grande finesse et le soin stupéfiant que les scénaristes coréens apportent à l'art du twist (on repense à ceux de Old Boy, du même réalisateur Park Chan-Wook, ou encore Parasite de Bong Joon-Ho, pour se convaincre qu'on est rarement gâtés comme cela). On a adoré se faire berner, surtout si c'est pour comprendre une belle histoire d'amour entre femmes (un brin voyeuriste : ne regardez pas ça avec vos parents...) mêlée à des trahisons, des coups de théâtre, des personnages dérangeants (l'oncle vicieux qui ne pense qu'au sexe... et qui se révèle dans un final qu'on n'est pas près d'oublier) et des scènes non moins choquantes (Mademoiselle qui fait la lecture de textes "sadiens" et se fait du mal pour exciter des jeunes hommes riches en chaleur... On a juré, on l'avoue, on a juré). Seul le final "avec tonton" nous a moins plu, tombant dans la démonstration gratuite et récréative de la violence, une constante de bon nombre de productions coréennes ("c'est une autre culture", dira-t-on). L'ensemble du casting est très en forme, on a beaucoup aimé les deux jeunes femmes qui se tournent autout sans qu'on n'arrive jamais à déceler leurs véritables intentions, et lorsque même l'on pensait avoir compris, on nous renverse. Un film résolument féminin, d'ailleurs, puisque les portraits des hommes vénaux qui n'en veulent qu'à l'héritage ou au sexe dépassent instantanément la futilité de l'image de cette Dame de Cour asiatique, petite chose fragile à posséder, enfermée sous ses rituels et ses maquillages, obligée à ses séances de lectures lubriques et humiliantes, mais qui en réalité renferme un dragon terrible. Que l'auditoire, main au froc, se méfie de la poupée polie...