Film Iranien de Sepideh Farsi. Nous sommes en juin 2009, les électeurs iraniens ayant voté en masse et pour le réformateur Moussavi se font voler leur victoire par Mahmoud Ahmadinejad et le camp conservateur…il s’en suit une révolte menée par les étudiants aux cris de « Où est mon vote ? » la répression est sanglante menée par les bassidjis et l’armée qui n’hésite pas à tirer à balles réelles…Cette révolution verte de la couleur de Moussavi, fera plusieurs centaines de morts et des milliers d’arrestations dont certaines sont encore en prison, Hossein Moussavi et sa famille étant eux-mêmes en résidence surveillée…Voilà pour le contexte…un soir, poursuivis par les bassidjis, un groupe d’étudiants se réfugient dans l’appartement de Ali, un iranien d’une cinquantaine d’années dont on ne saura pas grand-chose, sinon qu’il vit cloîtré dans son grand et bel appartement, se faisant livrer sa nourriture…on apprend que sa femme et sa fille se sont exilées au Canada et qu’il s’apprête à les rejoindre…parmi les sept étudiants, Sara, intriguée par cet homme qui semble vivre seul, sous le prétexte de récupérer son portable probablement oublié à dessein, revient le lendemain…une histoire s’amorce entre eux, une relation sexuelle assez violente comme si au travers de cette relation elle voulait se laver des coups et des regards haineux des nervis du régime…cette licence n’est pas sans danger, le visiteur qu’il soit livreur ou candidat au rachat de l’appartement, laisse errer son regard avec suspicion...au dehors la révolution gronde, Sara va et vient et revient se jeter dans les bras de son amant pour de fougueuses étreintes…on ne saura pas grand-chose des histoires personnelles de l’un ou de l’autre…le film tourné à Athènes est entrecoupé de séquences de révoltes tournées lors des émeutes avec les portables d’où la mauvaise qualité des images…cette révolution de 2009 utilise largement réseaux sociaux et portables malgré les tentatives de brouillage et de censure du régime….on devine qu’Ali a été dans sa jeunesse un protagoniste actif de la révolution de 1979 et de la chute du Chah…il en a été dépossédé par Khomeiny, il en est devenu amer et sceptique…le film repose largement sur la confrontation entre deux êtres, entre deux univers générationnels, entre homme et femme, sur la nécessité de vivre cachés pour pouvoir vivre une relation amoureuse hors mariage, sur le caractère schizophrénique de la société iranienne, entre ce qui est vécu à l’extérieur, et ce qui se vit à l’intérieur…il montre aussi que parce Sara vit à l’extérieur une pression si forte , elle se montre plus débridée et plus entreprenante que Ali , une fois le voile tombé, dans l’espace clos de l’appartement…la fin est glaçante et probablement non indispensable…Bien entendu Sepideh Farsi et ses comédiens sont déclarés après ce film persona non grata en Iran…le bandeau final remercie aussi les iraniens courageux, tous ces reporters citoyens qui ont permis au Monde de vivre la révolution verte… un film fort, film coup de poing, manifeste frontal contre la censure des ayatollahs…