Oh la jolie surprise que voilà : projet resté très discret jusqu’à l'arrivée de sa bande-annonce mystérieuse et prenante, "10 Cloverfield Lane" est la nouvelle production de J.J. Abrams qui, selon les propres dires du monsieur, aurait un rapport avec "Cloverfield", le très bon found-footage estampillé kaiju-eiga signé par Matt Reeves il y a huit ans. Cependant, tout à l'encontre de ce dernier, "10 Cloverfield Lane" nous surprend en jouant la carte du huis clos claustro en comité restreint, un peu comme l'avait fait il n'y a pas si longtemps l'excellent "The Divide" de Xavier Gens : nous faisons la connaissance de Michelle, une jeune femme qui décide de tout plaquer pour changer de vie. Après avoir parcouru quelques kilomètres, elle est victime d'un accident et fait une terrible sortie de route. Quand elle se réveille, elle se retrouve seule dans une pièce à l'aspect plus qu’inhospitalier puisqu'elle découvre que sa jambe est enchaînée au mur. Soudain, la porte s'ouvre et laisse apparaître la silhouette d’un homme assez imposant. Ce dernier dit s'appeler Howard et lui dit que c'est lui qui l'a trouvée accidentée et qui l'a soignée. Il lui révèle aussi qu'elle sera en sécurité tant qu'elle restera ici avec lui et un autre homme dans son abri antiatomique car le monde extérieur a subi une attaque de grande envergure mais d’origine indéterminée qui aurait contaminé tout l'air ambiant...Voilà le postulat de départ du métrage qui implique immédiatement le spectateur puisqu'il se retrouve tout aussi désorienté que l'héroïne : on s’interroge avec elle sur les mystères entourant cette situation aussi étrange qu’angoissante. Le film est habile, rythmé et haletant (pour nous garder toujours sous pression, on multiplie avec délectation les fausses pistes pour quasiment les contredire cinq minutes plus tard : un bon travail de remue-méninges !) et utilise parfaitement son budget réduit puisque finalement l’intérêt principal du film réside dans l’ignorance de ce qui se trame à l’extérieur et à l'impact psychologique que cela a sur les personnages. Mieux, la véritable force de "10 Cloverfield Lane", c’est de réussir à nous faire oublier la seule et unique raison pour laquelle on est venu le voir, à savoir découvrir la suite/connexion de "Cloverfield" ! Donc un récit et une ambiance parfaitement maîtrisée notamment grâce à la bande sonore qui accentue la sensation de malaise et le très bon travail sur les sons et les bruits qu'on peut entendre à l’intérieur du bunker comme à l’extérieur ; mais surtout par la prestation ultra convaincante des acteurs : John Goodman est parfait (certainement l'un de ses meilleurs rôles si ce n'est LE meilleur !) dans la peau de l'ambigüe Howard en imposant autant de méfiance qu’il fascine (ce type est-il un illuminé adepte de la théorie du complot ultra-paranoïaque et dangereux ou alors bien n'est-il qu' un réel anticipateur de génie et bienveillant ?), la charmante (oui je sais : j'ai craqué sur elle dans "Scott Pilgrim VS The World" alors je ne suis pas objectif à 100% !! ^^) Mary Elizabeth Winstead qui nous prouve ici, en incarnant une sorte de digne héritière des femmes fortes du cinéma façon Ripley, qu'elle mériterait d'être plus souvent sollicité en matière de tête d'affiche (elle aussi, il s'agit assurément de son meilleur rôle depuis le début de sa carrière), et quand à John Gallagher il assure avec son personnage qui apparaît au début comme une source de baise de tension. Ce trio fonctionne à merveille et on ne peut que dire bravo à celui qui a eu la remarquable idée de les avoir réunis tous les trois. Dernière chose sur les personnages (et c'est tellement rare dans ce genre de film qu'il faut ABSOLUMENT le dire !!) : je dis bravo à celui qui a été chargé de leur développement car, pour une fois dans ce genre de film, ils ont tous des comportements censés et n'accumulent pas les choix et actions stupides...que ça fait du bien !! Voilà, "10 Cloverfield Lane" est vraiment une joli réussite à laquelle on s’attendait pas du tout, surtout pour un tout premier long métrage : Dan Trachtenberg passe l’examen haut la main malgré un faible budget (oui : 5 millions de dollars, pour un film américain, c’est peu !!). Concentré de tension psychologique saupoudré de parano et de claustro, le métrage nous tient en haleine jusqu’à son dernier acte qui vous réserve un twist inattendu le reliant enfin au "Cloverfield" de Matt Reeves…mais pas aussi surprenant que son tout dernier plan final…vivement "Cloverfield 2" qu’on nous révèle enfin toutes les connexions avec ce spin-off car, souvenez-vous : la vérité est ailleurs…