Dans son déploiement d’énergie afin de créer le buzz autour de ce 10 Cloverfield Lane, J.J. Abrams, via sa société, Bad Robot, n’aura pas démérité. Suite ou préquel au Cloverfield de Matt Reeves? Film catastrophe, de science-fiction, thriller, huis-clos, film horrifique? Après visionnage, nous n’aurons qu’une seule réponse à cette question. Un peu tout ça, un mélange au bulldozer de tout un tas de choses, ce qui finira par nuire au film de Dan Trachtenberg. Un film qui laissait donc planer un total mystère avant sa sortie et qui finira par laissé dubitatif tant il fait preuve d’inégalité, de variables parfois douteuses, tant il n’assume pas vraiment quoique ce soit si ce n’est le matraquage d’un possible détour dans l’univers du film plus ou moins éponyme, succès, caméra à l’épaule, du début de carrière de producteur de celui qui aura rebooté depuis rien moins que Star Trek et Star Wars.
Dans cette foire aux genres, aux ambiances, tout n’est pourtant pas à jeter. En effet, les prestations de Mary Elizabeth Winstead, honorable, et surtout de John Goodman, étonnement imprévisible et, bien sûr, charismatique, permettent de nous faire vivre, quelques instants durant, quelques belles séquences en vase-clos. Dommage, en effet, que le final soit mauvais, que des réponses ne seront pas données, que le tout semble inachevé tant le casting était bien présent. Un postulat d’autant plus dommageable que, connaissant le bonhomme derrière tout ça, on nous annonce sans le moindre doute une suite totalement ouverte et imprévisible. Il ne s’agirait pas de s’en réjouir tant la globalité du projet semble bancal ou tout du moins, trop similaire à bien des projets rivaux.
On retiendra donc ici une phase d’huis-clos réussie, mystérieuse durant un temps, mise en valeur par des comédiens honorables. Pour le reste, le final SF totalement brouillon voire même monument de plagia à quelques autres productions passées, rien ne laisse entrevoir une quelconque réjouissance pour ce qui pourrait débarquer dans un an ou deux. En somme, si l’on souhaite faire un film parfaitement inégal, si l’on veut brasser les genres à l’excès, si l’on veut bâtir un film injustement sur l’héritage d’un autre, il semble alors qu’il faille s’adresser à un certain J.J. Abrams. 08/20