Voilà un film qui pourrait devenir un cas d’école de projet intéressant torpillé, en cours de production, par une réorientation artistique venue flinguer toute cohérence pour de sombres motifs commerciaux ! Car, pendant plus d’une heure, on se trouver devant un film plutôt réussi, qui distille une tension à couper au couteau et soulève autant d’interrogations que de sentiments contradictoires envers les personnages. Le public est, ainsi, amené à se demander constamment si le nébuleux Howard (John Goodman, flippant) est un kidnappeur psychopathe ou un sauveur providentiel. Il partage, en cela, le dilemme de ses deux invités (Mary Elizabeth Winstead et John Gallagher Jr.), dont les personnages ne sont pas forcément des modèles d’originalité
(on a droit à la sceptique active et au naïf plus attentiste, tous deux vaguement traumatisés par leurs erreurs passées)
mais qui sont utilisés comme moteur de l’intrigue puisque c’est à travers eux que le mystère de ce bunker va, peu à peu se dissiper. Le film fonctionne, ainsi, comme un huis clos oppressant, teinté d’enquête policière et émaillé de moments plus légers venant aérer le récit
(les jeux de société et autres occupations ludiques entre autres !
). On se demande même où le réalisateur Dan Trachtenberg veut nous emmener… et ce d’autant plus que la question de la nature de la menace extérieure reste volontairement obscur pendant tout ce temps. Trachtenberg se montre, d’ailleurs, plutôt adroit dans sa réalisation et parvient à rendre le film assez fluide en évitant les temps morts et autres baisses de rythme auxquels il semblait pourtant promis. Il s’autorise, également, quelques séquences assez fortes
(la première tentative d’évasion de Michelle, la découverte des cadavres de cochons, la supplique de la voisine pour rentrer dans le bunker, les coups de colère d’Howard…)
et soigne sa BO. Tout semble, donc, aller pour le mieux… à tel point qu’on se surprend à se montrer tolérant face au premier accroc du film,
à savoir le plan imaginé par Michelle pour s’évader (vous ne regarderez plus jamais votre rideau de douche de la même façon
). Malheureusement, l’édifice s’écroule lorsque
Michelle parvient, enfin, à s’échapper.
Et, subitement, on se souvient que le film s’appelle "10 Cloverfield Lane"… et qu’il était plus que vraisemblable qu’on ait droit, à un moment ou à un autre, à
un lien, même tenu, avec le" Cloverfield" de Matt Reeves sortie en 2008 (les deux films sont produits par Bad Robots, la société de J.J. Abrams)
. Et, là encore, on se dit qu’on va être tolérant avec ce cliffhanger, certes prévisible, mais plutôt sympa… Sauf que la menace apparaît finalement sans grand rapport avec
le monstre de "Cloverfield"
et, surtout,
qu’il ne s’agit pas d’un cliffhanger mais bien du dernier acte WTF du film (il reste encore près de 20 minutes de film !
). C’est à ce moment que le film perd son public
(qui a plus que désavoué cette fin depuis)
. Difficile, en effet, de pardonner cette volonté délibérée d’attirer les spectateurs avec un nom connu pour, au final, balancer
une fin aussi incohérente dans son ton (rien ne prépare préalablement à cet affrontement final) et aussi déjà-vu dans sa forme (on pense très fort à "La Guerre des Mondes")
. Pire encore,
(les jeux de société et autres occupations ludiques entre autres !
0
. Seul l’ultime plan
(les jeux de société et autres occupations ludiques entre autres !
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présente un intérêt… "10 Cloverfield Lane" s’achève, donc, sur une note trop déroutante pour être honnête, ce qui vient attenter à la qualité du reste du film, qui donne l’impression de n’être qu’une longue introduction à
(les jeux de société et autres occupations ludiques entre autres !
2
). C’est vraiment dommage car, si le film s’était clôturé par
(les jeux de société et autres occupations ludiques entre autres !
3
, il aurait, certainement été applaudi. Au lieu de ça, il laisse un sentiment de raté qui devrait lui assurer un oubli assez rapide…