La parenté entre « 10 Cloverfield Lane » et son prédécesseur « Cloverfield » est ténue, sur un fil ; sûrement à travers le thème inhérent et très en profondeur aux deux films à savoir l'entité extra-terrestre. Mais alors qu'elle plonge New-York dans la terreur et d'une manière radicale, ici, l'entité reste sous-jacente, finalement presque invisible dans ce huis-clos si particulier. Jusqu'au bout, le spectateur va douter des évènements, de ce qu'est la vérité ou non, qui est vrai, qui dit juste, qui a raison. A ce petit jeu là, Howard, interprété par le magistral John Goodman, mène sa barque avec brio, entre menaces, sécurité, générosité et mensonges... En fait, on pourrait aller jusqu'à dire que tout s'oppose entre ces deux films. Ici, l'intrigue ne se concentre que sur trois personnages, dans un univers exigu et oppressant là ou « Cloverfield » mettait en scène toute une ville. Ici, la menace est indirecte et déroutante, voire même peut-être illusoire, quand « Cloverfield » présentait cette monstruosité de face. Il est très intéressant de voir quelle a été l'évolution dans la réflexion du thème de ces deux films pourtant identiques quand à leur fond, et à forte valeur allégorique. Aujourd'hui, la menace est insidieuse, longeant les murs comme des ombres, toujours invisible jusqu'à l'explosion. Et dans ce monde terrifiant, la monstruosité peut prendre des formes très diverses, elle se cache là où on ne l'attend pas. Ici enfin, la bande-son est omniprésente, jouant intelligemment sur des sonorités mineures qui accentuent l'aspect angoissant de la trame narrative, et presque envahissante dans ces premières minutes muettes. L'entrée dans le film est, de fait, une véritable réussite, avec un jeu diablement efficace entre le son, envahissant de la musique et assourdissant du choc, et le silence total et complet qui rythme avec fracas l'accident de Michelle. Ce jeu entre bruits et silences est utilisé à de nombreuses reprises, mais avec habileté, et maintient l'effroi ressenti par rapport aux évènements. Il faut peut-être noter en effet que les dernières minutes de « 10 Cloverfield Lane » sont moins fortes que le reste, mais indispensables pour la fraternité qui le lie avec son grand-frère. Certes, le huis-clos est meilleur, très réussi et redoutablement efficace, s'en sortir rend le fil de l'intrigue moins tendu et plus faible. Cependant, la dernière image est assez évocatrice encore, quand le personnage de Michelle décide alors de fuir son destin tout tracé, en choisissant de ne pas continuer tout droit et de devenir une héroïne.