Pour le canadien Maxime Giroux, réaliser un film, c’est s’intéresser à un domaine qu’il ne connaît pas et, in fine, arriver à « comprendre les choses ». Après de très nombreux clips, quelques courts-métrages et deux long métrages, il a décidé de s’intéresser aux juifs hassidiques. Ayant longtemps vécu dans le quartier de Mile End à Montréal, il a souvent croisé des membres de cette communauté de juifs orthodoxes, très difficile à approcher. De temps en temps, il arrive que des hommes ou des femmes sortent de cette communauté. Cela a permis à Maxime Giroux d’enrichir petit à petit sa connaissance sur la façon de vivre à l’intérieur de la communauté et d’engager d’anciens hassidiques pour jouer dans son film. C’est avec beaucoup de pudeur et de sensibilité que Maxime Giroux nous fait suivre l’histoire qui se tisse entre Félix et Meira. Aucun racolage à grands coups de violon. Concernant la communauté des juifs hassidiques, aux mœurs si différents des siens, des nôtres, il la décrit sans jugement à l’emporte pièce, avec, en particulier, son sens de la fête lorsqu’elle se met en communion avec Dieu (Rappelons nous la fameuse danse hassidique de Rabbi Jacob!). Il montre combien Shulem, si strict avec sa femme, en est, en même temps, profondément épris. En fait, on a l’impression que, pour le réalisateur, Meira et Félix sont les représentants de deux « mondes » qu’il renvoie dos à dos, deux « mondes » que tout oppose, sauf que l’un et l’autre vont trop dans l’excès : d’un côté, un « monde » avec trop de règles et d’interdits, de l’autre côté, un « monde » trop libre, trop gâté, en manque de repères.