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Daniel C.
144 abonnés
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3,0
Publiée le 20 mai 2015
C'est à une drôle d'oeuvre que nous confronte Martii Helde. A priori, le cinéma, c'est une image en mouvement. Or, dans ce récit pictural, les êtres sont figés, la mobilité est le plus souvent réservé aux objets et éléments naturels. La caméra également s'accorde de nombreux travelling. Voici une manière tout à fait singulière de rendre compte du traumatisme de la déportation orchestrée par l'organisation stalinienne. La mort et les exécutions étant bien entendu de la partie. Cette destructivité nous est narrée, elle ne nous est pas donnée à voir dans une mise en scène animée, la mise en scène forme un tableau complété par la correspondance de l'héroïne à son mari, dont elle et sa fille, ont été séparées. Le paradoxe des modalités de la captivité est aussi nommé par l'héroïne, qui parle d'un emprisonnement dans un espace infini, pour lequel des chaines permettraient d'en mesurer les limites! Des films comme cela montrant les folies des pouvoirs en place sont indispensables. Il faut toujours se souvenir que le pire pourrait arriver si l'on laissait les commandes à des dirigeants, qui prétendent faire fi de la démocratie du fait de ses imperfections.
Ce film est incroyable. Toute l'émotion et les sentiments ressentis à travers ces images, cette voix et cette musique...
La neutralité du noir et du blanc symbolise en quelque sorte le passé. La voix off tout le long du film est calme, douce, et mélancolique et, par des mots soigneusement choisis, nous fait part de ses souvenirs, ce qui amène le spectateur à se mettre dans le personnage d'Erna Tamm car nous connaissons ses sentiments à chaque moment de sa vie. La musique nous transporte dans une ambiance triste, une ambiance de désespoir et de souffrance durant les souvenirs de la guerre, et nous fait aussi ressentir de la mélancolie, de la nostalgie face aux souvenirs de famille. L'image est d'une superbe qualité et le travail d'acteur est grandiose. Les souvenirs heureux, les souvenirs de la vie de famille d'Erna Tamm sont vivants, les acteurs bougent, l'expression sur leur visage change et chaque scène est un souvenir différent d'Erna et le bonheur est présent dans chacune d'elles. Les souvenirs de la guerre, de leur déportation, ect, ne sont pas tournés en plan fixe, la caméra bouge en permanence mais ce sont les acteurs qui restent immobiles. Leur jeu d'acteur ne se fait que par les expressions faciales et les expressions corporelles figées, comme pour dire au spectateur que ces souvenirs ont beau faire parti du passé, ils ne s'en iront pas, ils sont ancrés dans le temps et dans l'histoire. A travers ces images qui semblent fixes, comme si le temps s'était arrêté, le réalisateur nous demande de ne jamais oublier, de regarder l'horreur et le mal sur les visages. Le spectateur n'est donc pas que spectateur, il se met dans le personnage d'Erna Tamm grâce à sa voix off et à ses souvenirs. Je trouve ce film absolument incroyable, très bien fait et gorgé d'émotion, mais les interprétations et les opinions sur le film sont différentes selon la vie, la façon de voir les choses et le caractère du spectateur.
Comment ne pas être admiratif et reconnaissant à Martii Helde pour cet apport indispensable du cinéma à ce qui s'apparente fortement à des crimes de guerre? Pour se faire, le réalisateur à innové ,non pas en mélangeant documentaire et fiction mais en se servant du style documentaire poussé à son extrême pour évoquer un passé récent longtemps ignoré du grand public. Point n'est besoin d'en faire l'apologie si ce n'est de dire ''Allez y '' mais allez y en étant informé du style plus qu'original de ce qu'il faut appeler un document, voire presque une preuve à charge compte tenu des éléments cités. Helde a choisi de ne pas faire jouer ses comédiens, il leur a demandé d'adopter des positions figées comme si un sculpteur voulait en faire des statues. Une fois cela au point, il a simplement déplacé sa caméra parmi eux. L'effet est garanti : tout d'abord une interrogation (cela va t -il durer longtemps? ) puis une lassitude suivie plusieurs minutes plus tard d'une curiosité. Quarante minutes après le début, tout doucement le spectateur finit par se fondre parmi tous ces personnages immobiles pour se mêler à eux lorsque la vérité se fait jour sur le sort de Heldur. A partir de ce moment, l'émotion bercée par la beauté des images et du texte nous gagne doucement pour nous envahir au point de rester coller au siège, les yeux plein de larmes, le temps que le générique final se termine. Voir un film cela s'apprend, c'est le moment de commencer par ''La croisée des vents" qui est du ''réalisme absolu'' car nous sommes hors du temps qui n'existe plus et hors de l'action qui est figée et là : nous sommes bien obligé de le constater. La plupart des films des grands auteurs sont ainsi, ils nous montrent la profondeur et la gravité de faits réels ou imaginaires passés et le cinéma les rend intemporels mais cela ne saute pas aux yeux comme dans celui ci.
Un film d'une beauté remarquable et d'une recherche esthétique très interessante. Avec des plans fixes, un choix pour le noir et blanc et la narration d'une voie sensuelle, Martti Helde nous plonge dans la déportation du peuple estonien par Staline.
Une perfection visuelle qui tend vers une compréhension du drame qui s'est joué pour cette population. Seulement même devant une si belle photo et un si beau procédé l'ennuie point a l'horizon. Cela dit bravo d'avoir eu le courage de faire un tel film et il est bon d'aller aux cinéma voir de tel objet filmique comme celui ci ou The Tribe l'année dernière.
Exceptionnel. Un film épistolaire tout en délicatesse. Des tableaux vivants noir et blanc, une voix off... Ça pourrait paraître austère et prétentieux.. C'est simplement magnifique, époustouflant.
Vous l'avez compris en lisant les différentes critiques : "Crosswind" propose un traitement formel bien particulier, la caméra circulant dans des "tableaux" où les personnages sont "figés" dans l'émotion. Cela fonctionne grâce au soin minutieux apporté aux plans-séquences et au talent des acteurs. L'enchainement des "tableaux" est en revanche plus laborieux. "Crosswind" c'est donc une approche singulière du cinéma, et malgré quelques réserves, je vous conseille de tenter l'expérience, d'autant que le sujet de fond (la déportation par les soviétiques de familles estoniennes) est passionnant.
Je suis sorti du film perplexe, entre fou rire et pleurs, je ne sais toujours pas comment réagir après ce film. Je ne pensais pas ressentir une telle intensité devant un film tourné de cette manière. Des personnages figés, la caméra qui se déplace pour filmer une scène à un instant T d'un bout à l'autre pendant que la narratrice conte ses lettres. Une façon peu banale de faire partager ce film. Les gens sont mobiles, au début et à la fin du film, le reste du temps, ils sont filmés immobiles, nous laissant deviner, imaginer, en même temps que la narration se fait. Ce qui au début surprend, on ne s'attend pas à cela, puis au fur et à mesure, on a 2 solutions, soit on reste détaché, on passe son temps à se demander qu'est ce qui nous a pris d'aller voir ce film et on prend son mal en patience ; soit on se prend au jeu. J'ai choisi de m'intéresser, de bien lire, de bien regarder, de bien m'imaginer, de me mettre dans la peau du personnage. Et du coup, je pense que l'histoire tournée avec de l'action, du mouvement, et des dialogues plutôt que la lecture des lettres aurait pu tout gâcher. Son histoire est touchante, c'est triste, mais les choix qu'elle fait peuvent donner une bonne leçon de vie. Et le tourner de cette façon transmets de l'émotion, captive, et le fait d'entrer dans la peau du personnage fait qu'on en ressort pas indemne. Une autre façon de voir le cinéma, loin des blockbusters, et qui peut captiver ceux qui ont cette capacité à s'ouvrir à la nouveauté et à l’inattendu.
Ou comment Martii Helde invente l'image figée en mouvement. C'est curieux que personne d'autre ni ait pensé avant ( à ma connaissance pour un long métrage ), mais il faut dire que le sujet s'y prête à merveille. Une fois le procédé acquiescé par le spectateur, la qualité de la naration prends alors le relais pour nous conter un pan de l'histoire du génocide des estonniens par le régime de Staline, à travers la lecture de lettres. C'est tout simplement magnifique. C'est de deuxième film estonien de l'année après " Kertu ", un vent nouveau de l'est, enfin !!!
Deux âmes s’aimant d’un amour sincère ne peuvent être séparées bien longtemps. Malgré les obstacles qu’il peut y avoir sur notre route, l’espoir est, et doit exister. C’est en tout cas ce que croît Erna, une jeune mère déportée en Sibérie avec sa petite fille. Elle écrira pendant quinze ans à son mari avec la conviction de croire qu’elle le retrouvera un jour, à la croisée des vents.
Ambitieuse et rarement vue à l’écran, cette beauté plastique magnifie la guerre et la répression en un noir et blanc immaculé, éclatant comme les ténèbres, sombre comme les cieux. Le réalisateur filme des tableaux humains sous forme de longs plans-séquences aussi harmonieux que les combats sont intolérables. Souvent prêt à craquer, le spectateur sera fasciné par la forme épistolaire de cette œuvre, donnant à cette dernière un élan lyrique aussi déchirant que profond.
Filmé au ralenti, on se délecte de ces plans du passé, là où la guerre n’existait pas, là où l’amour et la sérénité se conjuguaient avec harmonie. Les protagonistes y sont apaisés, heureux d’exister. Il suffit alors de franchir les barrières du domicile, lieu si serein et protecteur, pour voir le temps s’arrêter, les visages se figer et les sentiments disparaître. Bienvenue dans un monde violent, avec son lot inépuisable d’injustices et de punitions, où seule la douce nostalgie d’un temps révolu peut nous tenir en vie.
Martti Helde parvient à décrypter de manière admirable et sans aucune morale démago tous ces ressentis que peut avoir un être humain face à la solitude. Par le septième art, il dresse une splendide dénonciation d’un fait historique méconnu, et pourtant effroyable. Puisqu’enfin le cinéaste ne choisit pas les mots mais les images pour faire passer son message, n’utilisons alors que deux simples termes pour lui témoigner toute notre gratitude : merci, et bravo.
Une prouesse esthétique qui, à elle seule, mérite le détour. In the Crosswind va à rebours de tous ces films d'action où, s'il n'y a pas une scène d'abattoirs toutes les 15 secondes, on pense qu'il ne se passe rien. Ici l'éloge de la lenteur permet de retourner profondément au coeur de l'émotion, de l'humanité et de la vraie compassion. Ce film a le mérite aussi d'attirer l'attention sur un épisode historique qui concerne des centaines de milliers de personne, et dont on en parle jamais, les déportations soviétiques. Si vous n'aimez pas ce film, c'est que vous êtes Nabila.
Je suis allée voir ce film en me disant que je risquais de m'ennuyer ferme: un film Estonien en noir et blanc dont une bonne partie est tournée avec des acteurs figés, sur un sujet franchement dramatique ça n'était pas gagné...Mais que j'ai eu raison de prendre ce risque cinématographique! Le noir et blanc est superbe et l'histoire émouvante, mais l'utilisation du son est simplement remarquable. Les décalages entre l'image et la bande son ou le récit apportent une profondeur incroyable,le réalisateur Martti Helde nous laisse deviner plutôt que de nous asséner des images dures et violentes. Et justement que de violence et de souffrance dans cette histoire vraie. C'est comme ouvrir un vieil album photo en percevant les sons, les émotions de l'époque, y plonger et en ressortir bouleversé. Et en bonus je rajouterais le plaisir de voir un film différent qui explore une autre forme de cinéma et rien que ça ça fait du bien!
Peut on vraiment appelait "Crosswind" un film ? Pas vraiment mais peu importe, la seule chose à savoir c'est qu'il faut le voir, l'écouter aussi.... On écoute cette femme lire ce qu'elle écrit à son mari prisonnier quelque part et qu'elle espère revoir après la guerre... il y a un décalage entre l'espoir qu'entretient la jeune femme dans ses lettres avec les photos/images scènes que l'on voit se succéder (Celles-ci sont parfois dures et d'une intensité assez impressionnante...) Elles défilent et l'espoir diminue... L'oeuvre de Martti Helde est certes déstabilisante mais tellement surprenante et originale qu'il faut absolument le voir. Pas facile de rentrer dans le truc mais en s'accrochant un peu, l'histoire de cette femme qui s'étale sur 15 ans est vraiment émouvante, intense...
Au-delà des mots, il existe des films qui résonnent comme une évidence absolue dès qu’ils débutent. C’est le cas avec ce Crosswind qui s’impose immédiatement comme un chef d’œuvre du septième art. Il prouve notamment que l’on peut encore être surpris et étonné par un film alors même que l’on n’en attendait rien. Les tableaux figés que le cinéaste propose viennent donner une image atroce d’une période marquée par la mort et l’absurdité, tout en rappelant le génocide pratiqué également par Staline sur les populations de l’aire soviétique. Mais ce qui bouleverse vraiment dans ce long-métrage fabuleux, c’est le sentiment d’amour et de douceur qui émane de chaque plan, même les plus atroces. Il se dégage de l’ensemble un goût pour la vie qui transcende toutes les horreurs traversées. Sans doute le film de l’année.