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Un visiteur
2,5
Publiée le 26 octobre 2018
Le scénario est intéressant, voir ce film fut une instruction culturelle, regardant dans un bouquin, une part de sombre histoire, la face cachée de l’URSS, un régime sévère au temps de Staline, du point de vue estonien, la raison de cette réalisation. J’ai un avis partagé au sujet de la mise en scène, une immersion dans le musée Grévin, la photographie des regards figés fait dans la contemplation plaintive, au prochain du réalisateur sans ce procédé moyen.
Un chef d’œuvre du cinéma. Un noir et blanc puissant comme un Murnau, une image et une réalisation à couper le souffle. Les textes lus sont mis en valeur avec une immense finesse, et sensibilité, ce qui en décuple la puissance dramatique. L'histoire véridique de ce couple estonien, séparé de force, est ici portée à l'écran par une équipe technique et des figurants qui ont tous pris le contre pied de la facilité. Amateurs de blogbusters, séries et biopics : évitez ce film que vous trouverez ennuyeux à mourir. Mais justement, le film raconte, doucement, la mort de 580 000 victimes du génocide commis par l'U.R.S.S. dans les pays baltes.
"In the Crosswind" est tout simplement un chef-d'oeuvre !! Martti Helde a su combiner avec brio le traitement d'un événement historique grave (la déportation des estoniens en Sibérie sous l'ordre de Staline) avec une innovation artistique inédite. Les acteurs livrent une performance époustouflante en restant immobiles dans une grande majorité des plans. Les volontés du réalisateur étaient de mettre en scène les lettres d'une jeune mère de famille estonienne déportée adressées à son mari. Ces lettres sont lues tout au long du film par une voix off, ce qui apporte un aspect plus grave et dramatique (renforcé par le noir & blanc). L'innovation se trouve dans le fait que tous les acteurs sont figés. Le réalisateur justifie ce choix audacieux en expliquant qu'il veut que les spectateurs ne voient que ce qu'il souhaite les faire voir. Pour son premier long-métrage, Martti Helde signe un drame historique particulièrement émouvant et novateur en tous points que je vous conseille vivement d'aller voir !
on peut se dire: c’est ennuyeux et le réalisateur « fait des manières »
ou alors, on se dit: j’ai vu un chef d’oeuvre: « un moment important de l’histoire des pays baltes, où la distance qu’arrivent à donner les lettres sur des événements tragiques, empêche toute mièvrerie….
La beauté des images capte notre attention; la lumière étale la palette du noir au blanc, avec toutes les nuances possibles. L’immobilité des personnages autour desquels glisse la caméra, nous « glace le sang » La musique et quelques scènes soulignent l’émotion... Il faut effectivement voir ce film exigeant.
Assez déçu !! Je croyais que c'était un film (?) Je ne dis pas que ce n'est pas émouvant, certes, 15 ans d'échanges de lettres ( à sens unique sauf à la fin dans une période de guerre froide (!) Estoniens déportés en sibérie.. etc mais pas de scènes animées, que des clichés noir et blanc et une voie trop monocorde. On a du mal à rester accrochés. Et bien entendu d'une tristesse affligeante - pas le but du ciné normalement....** !!
Deux âmes s’aimant d’un amour sincère ne peuvent être séparées bien longtemps. Malgré les obstacles qu’il peut y avoir sur notre route, l’espoir est, et doit exister. C’est en tout cas ce que croît Erna, une jeune mère déportée en Sibérie avec sa petite fille. Elle écrira pendant quinze ans à son mari avec la conviction de croire qu’elle le retrouvera un jour, à la croisée des vents.
Ambitieuse et rarement vue à l’écran, cette beauté plastique magnifie la guerre et la répression en un noir et blanc immaculé, éclatant comme les ténèbres, sombre comme les cieux. Le réalisateur filme des tableaux humains sous forme de longs plans-séquences aussi harmonieux que les combats sont intolérables. Souvent prêt à craquer, le spectateur sera fasciné par la forme épistolaire de cette œuvre, donnant à cette dernière un élan lyrique aussi déchirant que profond.
Filmé au ralenti, on se délecte de ces plans du passé, là où la guerre n’existait pas, là où l’amour et la sérénité se conjuguaient avec harmonie. Les protagonistes y sont apaisés, heureux d’exister. Il suffit alors de franchir les barrières du domicile, lieu si serein et protecteur, pour voir le temps s’arrêter, les visages se figer et les sentiments disparaître. Bienvenue dans un monde violent, avec son lot inépuisable d’injustices et de punitions, où seule la douce nostalgie d’un temps révolu peut nous tenir en vie.
Martti Helde parvient à décrypter de manière admirable et sans aucune morale démago tous ces ressentis que peut avoir un être humain face à la solitude. Par le septième art, il dresse une splendide dénonciation d’un fait historique méconnu, et pourtant effroyable. Puisqu’enfin le cinéaste ne choisit pas les mots mais les images pour faire passer son message, n’utilisons alors que deux simples termes pour lui témoigner toute notre gratitude : merci, et bravo.
[...] Les premières images baignent dans un noir et blanc somptueux qui rend mystique les rayons du soleil perçant à travers un pommier en fleurs ou reflétant le cours d’une rivière. Plus tard, lorsque ces moments de paix, captés au ralenti chez cette famille, ne seront plus qu’un lointain souvenir, nous serons étouffés par le caractère anxiogène des camps de travail et le noir austère de la boue puis éblouis par la blancheur surréaliste d’un paysage enneigé.
Utilisant constamment la voix-off de Erna, la mère (Laura Peterson), qui narre ses propres lettres, le film immobilise littéralement tous ses personnages à partir du moment où cette famille se voit arrachée à son foyer, ses idéaux, ses croyances, sa vie. La caméra nous dévoile alors de véritables tableaux vivants, magnifiquement scénographiés, en ayant recours uniquement à la prestation physique de l’acteur (pas de trucage visuel). On est saisi par la beauté pudique de la mise en scène, qui utilise la dilatation temporelle et une succession de plans séquences, tous plus forts les uns que les autres, de par leur évocation symbolique et l’histoire qu’ils nous racontent. [...]
L'intégralité de la critique, sur Le Blog du Cinéma
Crosswind, sublime et prodigieux premier long métrage de Martti Helde, relève de la pure création cinématographique magistralement accomplie. Le parti-pris formel et narratif choisi, sans équivalent dans l'histoire du cinéma, débouche sur une puissance évocatrice exceptionnelle entre êtres figés et temps suspendu. Autour de treize plans séquences entre peinture, sculpture et photographie, cet exercice pictural place Martti Helde en digne successeur de Béla Tarr. Au-delà du chef d'œuvre, Crosswind, infiniment marquant et fascinant, repousse les limites du 7ème art. Témoignage et manifeste historiques inestimables, Crosswind marquera l'histoire du cinéma mondial. Plus de détails sur notre blog ciné :
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5,0
Publiée le 28 juillet 2020
Chutes de neige dans un bosquet de bouleaux...une femme jouant avec le ruban de sa robe et fleurs de pommiers sauvages rayonnants au soleil. Les belles images démentent une histoire sinistre dans laquelle des dizaines de milliers d'Estoniens, de Lettons et de Lituaniens ont été expulsés de force de leurs maisons, séparés de leurs proches, affamés et maltraités par l'Union soviétique et Staline. Beaucoup ont été exterminés. Le monde note rarement ceux dont les souffrances ont duré longtemps après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans ses tableaux vivants en noir et blanc qui sont à la fois beaux et tragiques et avec des passages de lettres réelles le public peut commencer à comprendre ce qui s'est passé. «Je promets que je ne serai plus jamais en colère contre toi» écrit une femme à son mari qui à son insu fait partie des personnes mises à mort. «Dis-moi juste comment te trouver» plaide-t-elle. Le nettoyage ethnique brutal est présenté à travers l'expérience personnelle d'Erna et de sa petite fille Eliide qui est aussi envoûtante que décevante et douloureuse. La leçon d'histoire ne se présente pas sous la forme d'une harangue mais d'une beauté obsédante en requiem pour les larmes et le sang innocent. Dans Crosswind - La croisée des vents brillant film d'un nouveau réalisateur ces voix passionnantes seront enfin entendues et remémorées. On a envie de pleurer tellement c'est beau...
Le sujet est méconnu, à savoir la déportation par Staline de familles estoniennes en 1941 en Sibérie. Le film, en noir et blanc (très belle photographie), raconte celle d’une famille dont la mère et la fille sont séparées du mari. La jeune femme écrit à son mari (lettres non envoyées, faute d’adresse) ; elle apprendra 40 ans plus tard qu’il est mort en déportation. Malheureusement, la forme du film l’a emporté sur le fond : pas de dialogues mais une voix off lisant les lettres écrites par la femme et de longs plans séquences où les personnages sont immobiles (pour symboliser le temps figé selon le réalisateur) et où la caméra explore l’espace. C’est bien réalisé (4 ans de travail), ça rappelle le style de Terence Malick mais quel ennui (cela dure 87 mn). Un court métrage aurait suffi, à titre de film expérimental. .
Au-delà des mots, il existe des films qui résonnent comme une évidence absolue dès qu’ils débutent. C’est le cas avec ce Crosswind qui s’impose immédiatement comme un chef d’œuvre du septième art. Il prouve notamment que l’on peut encore être surpris et étonné par un film alors même que l’on n’en attendait rien. Les tableaux figés que le cinéaste propose viennent donner une image atroce d’une période marquée par la mort et l’absurdité, tout en rappelant le génocide pratiqué également par Staline sur les populations de l’aire soviétique. Mais ce qui bouleverse vraiment dans ce long-métrage fabuleux, c’est le sentiment d’amour et de douceur qui émane de chaque plan, même les plus atroces. Il se dégage de l’ensemble un goût pour la vie qui transcende toutes les horreurs traversées. Sans doute le film de l’année.
Une prouesse esthétique qui, à elle seule, mérite le détour. In the Crosswind va à rebours de tous ces films d'action où, s'il n'y a pas une scène d'abattoirs toutes les 15 secondes, on pense qu'il ne se passe rien. Ici l'éloge de la lenteur permet de retourner profondément au coeur de l'émotion, de l'humanité et de la vraie compassion. Ce film a le mérite aussi d'attirer l'attention sur un épisode historique qui concerne des centaines de milliers de personne, et dont on en parle jamais, les déportations soviétiques. Si vous n'aimez pas ce film, c'est que vous êtes Nabila.
Ou comment Martii Helde invente l'image figée en mouvement. C'est curieux que personne d'autre ni ait pensé avant ( à ma connaissance pour un long métrage ), mais il faut dire que le sujet s'y prête à merveille. Une fois le procédé acquiescé par le spectateur, la qualité de la naration prends alors le relais pour nous conter un pan de l'histoire du génocide des estonniens par le régime de Staline, à travers la lecture de lettres. C'est tout simplement magnifique. C'est de deuxième film estonien de l'année après " Kertu ", un vent nouveau de l'est, enfin !!!
Crosswind a été pour moi un intense, bouleversant, violent moment de cinéma comme on en vit rarement. Ce film est extraordinaire à plusieurs niveaux :
- Premièrement, il constitue un véritable parti-pris esthétique, qui de par sa radicalité, vous emporte totalement ou vous laisse tout du long en dehors mais dont on ne pourra nier l'audace, la disruption et la délicatesse. En effet, le film s'articulent en tableaux, travaillés tels de long plan-séquences "parmi" les acteurs immobiles. "Parmi" parce qu'il s'agit là d'une véritable "plongée" au coeur d'un tableau d'êtres vivants mais figés (symboliquement dans l'histoire qui a été la leur), dans lequel la caméra se déplace. Ainsi, le film se caractérise par un rythme lent, empreint de poésie, magnifiant une photographie sublime qui vient souligner l'horreur de la réalité du sujet : déportation, séparation, faim, souffrance, combat, mort...
- Deuxièmement, le film est remarquable de par le sujet qu'il traite. La guerre et la déportation sont des thèmes malheureusement récurrents mais l'histoire des pays baltes restaient jusqu'alors l'oubliée (en tout cas pour moi et je suppose une bonne partie de ma génération) du cinéma. J'ai été particulièrement ébranlée par la justesse des propos (ou plutôt l'absence de propos qui est un parallèle de l'absence de mouvement) et de l'évocation toujours subtile des diverses perversions et les mécanismes humains qu'elles entraînent (réflexion sur le prix de la liberté, sur la capacité à revivre, à se retrouver après un tel cataclysme). Pour moi, ce rythme, basé sur la non-mouvance et guidé par une voix off toute en poésie sur la beauté de la vie et toute en retenue sur les atrocités, a été d'une puissance évocatrice hors du commun.
- Pour finir, voir ce film au cinéma est une véritable expérience. Tout concorde pour sentir que l'on vit là un moment hors-norme : la petitesse des salles dans lesquels le film sera projeté, le nombre restreint de spectateurs, les inéluctables départs de certains et surtout l'émotion qui vous submerge si vous avez la chance (ou la malchance) d'être sensible à la prise de position de Martti Helde, à la terrible réalité, en fait, de notre Histoire.
Pour moi, "American Sniper" et "Selma", blockbusters à thème politico-historique et contemporains de Crosswind font bien pâle figure à côté.
Je visionne ce soir un autre de ces DVD's que j'ai acheté à l'aéroport de Tallinn en début d'année. Certes, le style en arrêts sur image est très particulier et je ne suis pas un adepte de l'absence de scénario, mais l'atmosphère est rendue avec intimisme et force. L'univers Soviétique a détruit les peuples et les individus pendant des décennies ; rendons hommage aux victimes!