Ce genre de peinture sociale qu’on nous fait venir de pays lointains, je l’avoue, je ne suis vraiment pas fan. Je comprends que certains apprécient qu’on leur ouvre une fenêtre vers un ailleurs et je n’y vois d’ailleurs pas de mal à cela. Maintenant, moi, c’est un fait que ça ne me suffit pas. Pire, parfois, ça peut m’agacer. Le monde va mal – je le sais – et quand je me retrouve face à un film qui n’a rien d’autre à me proposer qu’un simple constat – voire pire – qu’une simple leçon de morale voire même un basique plaidoyer du genre « la pauvreté c’est mal » ou « les enfants abandonnés à leur sort c’est triste », moi ça me saoule. Si je précise ça avant de parler de ce « Chala », ce n’est pas par hasard. Non pas que ce film cubain rentre pleinement dans cette description que je viens de faire, mais bon, quand même, parfois il y a un peu de ça, ce qui n’aide pas. Un peu de ça, oui, mais pas trop donc. Parce qu’en effet, « Chala » est déjà un beau film, plastiquement parlant. Rien que pour cela, franchement, ça se prend. Il est tellement triste d’assister à ces films qui, en plus d’être misérabilistes dans leur propos, jouent aussi la carte du misérabilisme et de la réalisation rêche et austère aussi dans la forme. Non, là dans ce « Chala », il y a vraiment une maitrise du cadre, une belle photo, un bon montage, un accompagnement sonore qui ne se limite pas simplement qu’aux sons d’ambiances, et pour le coup ça a du sens… Donc rien que pour cela, le film est quand même agréable à suivre. Il y a là-dedans un vrai espace de cinéma, séduisant, et c’est tout à l’honneur d’Ernesto Daranas, le réalisateur. Seulement voilà, un espace, pour moi, ça prend vie au travers d’une progression, or, pour le coup, j’avoue que je suis resté sur ma faim. C’est clairement sur le plan de l’intrigue que, pour moi, le bas blesse. Du début jusqu’à la fin, on est dans la démonstration, comme quoi ces pauvres enfants sont quand même laissés à eux-mêmes, que leur réalité sociale est bien triste, que le système est défaillant à leur égard… Et bon, on ne va pas se mentir, mais ce genre d’histoire, on l’a tous plus ou moins vu une centaine de fois. Donc, c’est bête, mais au final, même si les personnages des enfants sont plutôt bien traités (des enfants au caractère racé, au cinéma, c’est trop rare), leurs aventures m’ont ennuyé ferme. Non pas que ça ne me touche pas. Non pas que ça ne me parle pas. C’est juste que ça manque finalement d’originalité, d’audace et – paradoxalement – de personnalité. Tout cela est trop convenu, trop attendu à mon goût. Je ne peux m’empêcher de penser qu’un tel univers et de tels personnages méritaient justement mieux que cette sempiternelle recette appliquée de manière scolaire, , aseptisée du début de sa démonstration jusqu’à la fin, comme une sorte d’ « Entre les murs cubain ». Dommage encore une fois car je trouve que la mayonnaise avait de quoi prendre…