Au moins, avec « Ange et Gabrielle » on sait d’emblée dans quoi on met les pieds : comédie romantique qui ne va pas hésiter à manier les clichés et le fil blanc, qui proposera des petits moments d’humour et qui finira bien pour tout le monde. Côté scénario il n’y a pas tellement plus à dire, le film traite des questions de paternité et de refus de paternité de manière assez consensuelle, en proposant d’un côté des adolescents immatures (surtout la fille) en proie avec une grossesse puis un bébé vaguement désiré. De l’autre côté, des adultes qui se voient vieillir avec une certaine angoisse et que l’envie de materner fait rajeunir. Comme la fin, qu’on voit arriver de bien loin, est d’une moralité sans faille à tous les points de vue, on se retrouve devant un film bien balisé, qui ne dure qu’1h30 et qui, parce qu’il est filmé de façon très académique, ne vaut réellement le déplacement que pour son casting. Les adolescents sont incarnés par Thomas Soliveres et Alice de Lanquesaing. Si lui arrive à composer un adolescent chevelu un peu cliché mais attachant, elle a bien plus de mal avec son rôle d’adolescente immature. A plusieurs moments, j’ai trouvé son jeu un peu hésitant, comme si elle cherchait sans le trouver le ton juste. Du coup, son personnage pas assez écrit, est un peu transparent alors que c’est par elle qui l’intrigue arrive. Mais c’est Ange et Gabrielle le sujet du film, le titre est sans ambigüité. Patrick Bruel d’abord, dont je connais bien la carrière, tient assez bien le rôle d’Ange. Son personnage est multi facette et son rôle plus subtil qu’on pourrait le croire de premier abord : sur de lui avec les femmes (un poil machiste, un poil arrogant aussi), c’est aussi un hypocondriaque et un angoissé qui n’a jamais trouvé le bonheur tout simplement faute de l’avoir cherché. Il est crédible dans ce rôle, Patrick, et il semble même prendre un peu de plaisir à jouer avec son image. On sent clairement un peu d’autodérision dans son jeu, il compose un personnage assez peu éloigné de l’image que le grand public a de lui et il s’en moque un petit peu, c’est assez malin et ça fonctionne. Mais attention, à enchainer les comédies romantiques et les jolies partenaires (Alice Taglioni, Sophie Marceau, maintenant Isabelle Carré), il ne faudrait quand même pas qu’il se « HughGrantise » ! Il a beaucoup interprété de flic à un moment de sa carrière, maintenant il semble privilégier les films romantiques : à quand un rôle de flic dans une comédie romantique pour boucler la boucle ? C’est un petit peu rageant quand même de le voir faire tout le temps les mêmes personnages ! Isabelle Carré a un petit peu le même problème, déjà soulevé dans la critique des « Chaises musicales ». La encore, elle joue une jeune femme un peu survoltée (surtout au début) qui cache une grande fragilité intérieure. Mais son talent et son charme font que très vite, on adhère à son personnage ultra attachant. Les seconds rôles sont nettement en retrait, pour ne pas dire sous-exploités et c’est dommage quand on a un Laurent Stocker au casting ! Et puis il y a l’humour, qui parsème tout le film comme des petites paillettes : un humour parfois bien éprouvé comme dans les scènes où père et fils doivent s’occuper du bébé (çà rappelle « 3 hommes et un couffin », ce n’est pas nouveau mais c’est efficace), un humour parfois plus subtil (l’hypocondrie récurrente d’Ange), quelquefois au détour d’un détail (l’éponge à vaisselle qu’on n’utilise plus jamais pour faire la vaisselle). C’est efficace, on rit beaucoup, parfois même on rit franchement. Ca reste un humour bon enfant et bien peu subversif mais ce n’est pas bien grave puisque çà fonctionne.