Pour les Français ce qui a trait à l’histoire du Québec et à la culture des francophones du nouveau monde reste le plus souvent ignoré, à tel point que l’on connaît plus l’histoire et la culture des U.S.A. qui est pourtant culturellement, linguistiquement et historiquement plus étrangère que celle de nos cousins canadiens francophones. De ce fait ce film a déjà un intérêt pour nous, au-delà de toute qualité cinématographique, de nous offrir un regard sur une histoire qui nous reste méconnue. Il se situe à la fin des années soixante où comme partout ailleurs en Occident, les sociétés sont traversées par un mouvement contestataire, qu’il soit sociétal, politique ou identitaire. Dans ce Canada francophone c’est une problématique politico-identitaire qui fait le fond des revendications de ces mouvements semi-clandestins. Aux revendications pour plus de justice économique se mêlent les traditionnelles demandes de plus de liberté et de pouvoir pour la minorité francophone dans la Belle Province. Le FLQ, agrège ces revendications, mais s’inscrit dans une volonté d’actions jusqu’au-boutistes et clandestines qui vont dériver jusqu’à l’utilisation d’explosifs. On suit Jean Corbo, adolescent de seize ans qui vit dans un des beaux quartiers de Montréal et dont l’histoire familiale est marquée par le racisme anti-italien. Ce passé douloureux de son père et de son grand-père, l’a rendu sensible aux revendications du FLQ, auquel il va se joindre. On est donc, dans ce film, sur la classique intrigue du fils de bonne famille qui se joint aux mouvements de libération (quels qu'ils soient). Le film qui dure deux heures prend le temps de décrire la lente évolution de ce garçon entier pour qui la vie bourgeoise de son père est une aveugle compromission et le militantisme politique de son frère dans un parti politique une perte de temps. Le film prend son temps donc, un peu trop peut-être, ce qui amène à certaines longueurs qui font patiner l’histoire et nuisent à une certaine vigueur de l’intrigue. On ne s’ennuie pas, mais parfois on se laisse un peu distancé par le film. Un long-métrage québécois qui a le mérite de nous plonger dans l’histoire et les problématiques des francophones à l’entrée des années 70 et de nous rappeler qu’il n’y a pas si longtemps être Canadien francophone c’était être citoyen de seconde zone. Intéressant, même si pas complètement passionnant.