L'Armée de résistance du Seigneur (LRA pour Lord’s Resistance Army) est un mouvement qui se présente comme « chrétien », recrutant principalement dans l’ethnie acholi, en rébellion contre le gouvernement de l'Ouganda et son président Yoweri Museveni . Son chef est Joseph Kony qui entend mettre en place un régime basé sur les dix commandements de la Bible, tout en restant marqué par des pratiques animistes ou magiques. La LRA est accusée de nombreuses violences, notamment de l'enlèvement d'environ 25 000 enfants, entre 1986 et 2005, contraints de devenir enfants soldats ou pour les fillettes réduites à l'esclavage sexuel. En mai 2013, le secrétaire général des Nations unies présente un rapport estimant que l'Armée de résistance du Seigneur a tué plus de 100 000 personnes en Afrique centrale ces vingt-cinq dernières années. Il estime également qu'elle a perpétré l'enlèvement de 60 000 à 100 000 enfants et le déplacement de 2,5 millions de personnes. Les effectifs de la LRA ne sont plus que quelques centaines, retranchés dans le bush autour de Joseph Kony qui reste l’un des hommes les plus recherché de la planète, se cachant quelque part entre la république Centre-Africaine et le Soudan. . Dans son film Wrong Elements, Jonathan Littell accompagne trois jeunes adultes, deux hommes Geoffrey et Mike, enlevés à l’âge de 13 ans et transformés en enfants soldats, et Nighty enlevée au même âge et livrée comme esclave sexuelle aux cadres de l’organisation et notamment au boss Joseph Kony dont elle aura un enfant…ils racontent comment ils ont reçu l’ordre de piller, torturer, tuer sous la menace d’être tués eux-mêmes, ou pour la jeune femme d’accepter d’être livrée à un homme plus âgé, là aussi sous la menace d’y perdre la vie en cas de refus…les trois ont réussi à fuir, et après une vague période de rééducation, ont bénéficié de l’amnistie, réapprenant à s’adapter à une « vie normale » avec leurs cauchemars et la crainte des représailles…se retrouvant sur les lieux de leur sanglant passé, ils revivent leurs actes avec un stupéfiant détachement, visiblement très à l’aise devant la caméra, rigolant même en évoquant des scènes de violence…mais le face à face avec une famille de leurs victimes, fait quand même naitre un sentiment de culpabilité et s’engage alors un processus de demande de pardon … le hasard du tournage fait coïncider le présence de l’équipe avec la reddition de Dominic Ongwen, l’un des chefs de la guérilla, responsable de plusieurs massacres, mais lui-même enlevé dans sa jeunesse…victime ou bourreau ? Quand passe-t-on de victime à bourreau ? La question reste posée y compris devant la Cour Pénale Internationale de la Haye devant laquelle il sera déféré…et pour tous ces «wrong éléments » présentés dans ce documentaire… le réalisateur questionne sans juger…Jamais il ne juge ses interlocuteurs qui ont pourtant tué et pillé...Le film est entrecoupé de séquences d’archives et de textes insérés visant à apporter une meilleure compréhension du contexte, mais l’histoire reste complexe et on s’y perd un peu, entre protagonistes, entre passé et présent... et le film est quand même trop long même si des intermèdes de nature, de jungle luxuriante ou de bush herbeux, soulignés par une musique baroque pas toujours heureuse, marque une distance salutaire avec les horreurs évoquées…