Black widow, bien qu’elle soit pratiquement le seul personnage féminin d’importance du MCU, en avait toujours été réduite jusqu’ici à jouer les faire-valoir de ses petits camarades de jeu : Parce que moins iconique, trop humaine et mal dotée en capacités surhumaines, trop “femme”, peut-être ? Après tout, Captain Marvel, nettement moins présente que ‘Black widow’ dans les arcs narratifs 2 et 3, l’avait bien eu, son film à elle…mais il est vrai qu’elle compensait son envahissante féminité par une puissance quasi absolue. Et puis, ‘Black widow’ était surtout très morte, depuis ‘Avengers : Endgame’, raison pour laquelle c’est une histoire intermédiaire que relate son film, au moment où Natasha Romanoff, traquée suite aux événements de ‘Civil war’, en profite pour solder les comptes avec son passé. Honnêtement, ‘Black widow’ ne sort pas réellement de la zone de confort des productions Marvel puisqu’il y est question d’héritage et de transmission, sous la forme de retrouvailles avec les parents adoptifs (une scientifique et Red Guardian, le super-soldat soviétique, qui tient ici le rôle d’un sidekick comique à l’encombrante sentimentalité slave) et avec la jeune soeur (vouée à devenir la nouvelle Black widow donc, puisque Natasha devra mourir quelques films plus tard. Ca va, vous suivez toujours ?) jouée par Florence Pugh, ce qui suffit déjà à acheter ma loyauté critique quelle que soit la configuration. Sur la forme, étant donné que Natasha ne dispose pas de compétences surnaturelles ou mutantes, ‘Black widow’ a le mérite d’adopter une dimension plus “humaine”.. du moins aussi humaine que peut l’être un épisode de James Bond. L’analogie avec cette franchise, tout spécialement l’ère pop et délirante avec Roger Moore, n’est pas anodine car on retrouve, disséminé tout au long du film, nombre d’éléments qu’on s’attend plus à retrouver dans un 007 que dans un Marvel : le méchant cerveau russe de l’opération, une course-poursuite en voiture haletante dans les rues de Budapest, les tueuses tout de cuir vêtues ou la base volante dans les nuages, rien que pour citer quelques exemples bateau…et le plus beau, c’est qu’en matière de rythme, de grand spectacle et de mise en scène, ‘Black widow’ n’a pas grand chose à envier aux derniers opus en date de 007, sans être parasité par ces considérations dramatiques que ce dernier n’est jamais parvenu à totalement assumer. En outre, d’une certaine manière, ‘Black widow’ manifeste sa nature de premier Marvel réalisé par une femme : par exeple, il profite du scénario pour glisser deux mots sur les mutilations génitales faites aux femmes : à chaque exemple de ce genre, c’est implicite, discret, et le message a d’autant plus de portée qu’il se coule naturellement dans l’ensemble, sans avoir besoin d’être asséné et souligné trois fois à l’instar de la séquence fémino-chorale un peu ridicule du dernier ‘Avengers’. . ‘Black widow’ ne constitue en rien une rupture, c’est un Marvel standard, bien conçu, avec ses petites spécificités comme à chaque fois, dont je regrette seulement qu’il n’ait pas mis en avant la spécificité la plus intéressante du personnage - son talent pour la manipulation mentale - , mais qui peut au moins se vanter de n’avoir absolument pas été traité par-dessus la jambe sous prétexte que son personnage était secondaire, féminin et mort.