Sincèrement, malgré certaines qualités de ce film qu'on a pas vraiment l'habitude de retrouver dans des films du Marvel Cinematic Universe, malgré des intentions artistiques plus présentes et plus palpables que dans la plupart des films de cette ampleur commerciale, je dois avouer être assez déçu sur plusieurs plans.
Tout d'abord au niveau de la part de traitement réservé aux différents personnages, je reste clairement sur ma faim. Au niveau de Natasha Romanov dont le personnage donne pourtant son nom au film, on sentait bien plus de personnalité, de problématique morale dans les deux premiers Avengers et dans Civil War que l'on en sent ici, où le peu de moment consacré à l'héroïne sonne artificiel, on a l'impression d'une régression. Cela pourrait s'expliquer par le sacrifice du développement de Natasha au profit de celui des autres personnages, sauf que celui-ci est tout autant bâclé. Alexeï, dont le concept de "captain urss"est pourtant plutôt cocasse, n'est qu'un comic relief sans relief, dont on oublie trop facilement les torts pourtant impardonnable. Melina, pourtant cerveaux de La Chambre Rouge, change de camp à la seule évocation bancale du rôle qu'elle a joué dans une opération sous couverture pendant quelque mois il y a des années de cela. Quant à Jelena, si on peut saluer l'idée du personnage et son interprétation rafraichissante par Florence Pugh, elle n'est dans les faits pas bien plus qu'une Veuve Noire junior, au point même d'être adoubé comme telle par la scène post-générique. On signalera par ailleurs que même si l'idée de méchant qui se terre pour n'apparaître que peu de temps et dans le dernier tiers est plutôt original, ses motivations restent trop floues et rebattues. Enfin, on signalera que les efforts maladroits du films pour développé ses héros autour de la cellule familiale qu'ils ont partagé 3 ans il y a 25 ans sont clairement contre-productif dans une optique de développement touchant et naturel.
Bon, admettons, les dialogues sont autant poncif que possible, aucun personnage n'est réellement développé, pas grave, cela peut rester un divertissement énergique... Et bien en fait pas tant que ça. Certes, les scènes d'action sont jouissive, magnifiquement chorégraphié, aussi prenante qu'impressionnante, au point d'être une des raisons d'être du film ; sauf que le film ne joue pas assez dessus. Les transitions d'une longue phases d'action à une autre sont poussive, trop longue (15 ou 20 minutes en moins n'aurait pas été malvenues), et semble pourtant avoir bénéficié d'un travail trop important, créant un manque à gagné pour ces scènes d'actions qui font vivre le film.
À part ça, et même si elles se perdent un peu dans le marasme que constitue ce film, il compte toute de même d'appréciable qualité. Un jeu léger et énergique de tout le casting (dommage que ce soit pour des personnages si plats). Des intentions artistiques de la réalisatrice Cate Shortland qui ne sont pas réprimé, avec notamment le premier quart d'heure dans l'Ohio dont le ton doux-amer est tout à fait remarquable ; ainsi qu'avec tout au long de film et même dans les scènes d'actions une patte, sur la lumière, la musique, la chorégraphie (splendide) des combats. Enfin, on peut ajouter que les thématiques sociétales inhérentes à Marvel, en l'occurrence vis-à-vis du féminisme, sont traitées avec discernement, et avec des liens au concret (je pense particulièrement au dialogue sur la stérilisation des veuves qui fait franchement froid dans le dos).
Mais, malgré ces quelques qualité qui rendent soutenable ces plus de deux heures, je me suis quand même passablement ennuyé, me sentant lésé autant au niveau du manque de tranchant de la construction "sérieuse" que de la parcimonie du divertissement.