« Never gonna stop, give it up, such a dirty mind, always get it up for the touch of the younger kind ». En guise d’introduction, les paroles des Knacks ont le mérite d’annoncer clairement la couleur. Tout juste arrivé au campus universitaire du Texas, Jake emménage dans la collocation de ses rêves : l’équipe de base-ball de l’école réunie dans une seule maison. Les cours doivent commencer dans trois jours, le décompte est lancé, car en 72 heures, beaucoup de choses peuvent se passer.
Disco, marijuana, punk, soirée costumée, sexe, râteau, country… Tout y passe dans la dernière et folle création de Linklater rendant hommage aux années 80. Habitué au récit court (une journée en générale), le réalisateur récidive en injectant une furieuse envie de vivre en un laps de temps très court. Toujours au centre de son travail : l’être humain. Afin de s’intégrer dans un groupe déjà solidement lié, comment tirer son épingle du jeu ? A cet âge-là, se socialiser est primordial alors que nous ne nous connaissons pas encore tout à fait. Se sentant plus fort en groupe, le passage aux têtes à têtes est nettement plus compliqué. Comment se construire alors sans se trahir ? Cette question rappelle l’excellente analyse sociologique de Gondry dans The We and The I.
Dans leur façon de s’amuser et de d’interagir entre eux, il est fascinant d’établir un parallèle entre ces étudiants des eighties et la génération actuelle. Aujourd’hui, l’individualisme, l’hyper-connectivité et le culte de l’image jouent peut-être en notre défaveur. Tandis que dans Everybody wants some !!, un véritable esprit de communauté soutient toute la narration. Durant ces deux heures, les protagonistes passent leur temps à être ensemble. Qu’importe s’ils se battent, s’engueulent ou se mettent des bâtons dans les roues. L’essentiel est leur interaction toujours vivante.
On pourrait reprocher au film son caractère grandiloquent et exagéré. Comment, en seulement trois jours, un « bleu » peut-il vivre autant d’expériences ? Mais la critique serait idiote. C’est par ce caractère temporel ultra resserré que le cinéaste réussit son coup et marque les esprits. En faisant de son œuvre un long-week-end fantasmé, sorte de rêve éveillé, son scénario s’adapte parfaitement au format cinématographique. Ça n’arrête pas de boire, fumer, jouer et se lancer des vannes tout en philosophant à longueur de journée. Qui n’en a pas rêvé un jour dans sa vie ? Pour vous, le réalisateur de Boyhood a de nouveau traversé les âges en livrant une création aussi charmante que nostalgique.