Après avoir tourné son dernier film, par paliers, sur douze ans, avec le succès que l’on connaît à Boyhood, Richard Linklater en revient à un matériau plus léger, une comédie nostalgie estudiantine. Mais le propos semble incontestablement lui tenir à cœur, du fait, sans doute, qu’il s’agit là d’un retour en arrière, un retour dans sa jeunesse texane. Everybody Wants Some, donc, ou comment faire d’un sujet anodin, les premiers jours d’université d’une bande de mecs, en 1980, un long-métrage de cinéma.
Looks désuets, coupes démodées, oh que oui, les protagonistes, ici, sont tous les archétypes des jeunes branchés du début des eighties, filles ou garçons. Mais fondamentalement, le monde universitaire n’a que très peu changé, entre fêtes délirantes, consommations excessives de tout ce qui fait rire, attirance prédominante pour la pratique sexuelle et, accessoirement, études poussives. Linklater nous sert, en sommes, un film d’étudiant, une sorte de pendant à ce qui fût fait dans les années 90, et encore aujourd’hui, en mode rétro.
Tout est bien chorégraphié, mis en scène. Les interprètes sont bons, voire excellent, pour certaines d’entre eux. On sent que le film tient à cœur au metteur en scène. Que manque-t-il donc à Everybody Wants Some? Eh bien de la substance. Oui, aussi plaisant soit-il à visionner, le film n’est qu’anecdote, petit passage amical dans un monde d’un autre temps, dans une baraque d’étudiants comme il y en a des millions d’autres. En gros, le film manque d’une certaine profondeur, faisant du public le simple spectateur passif d’une sorte de documentaire nostalgique. Pour la passion, on repassera. Mais c’est déjà pas si mal que de réussir à faire de l’anodin quelque chose d’intéressant. 13/20