Et voilà, j'ai vu tous les films d'Albert Dupontel cinéaste. Bon, c'est vrai que ce n'est pas une tâche ardue, étant donné qu'il n'y a que six titres, mais quand même. Tout à fait inconsciemment, j'ai bien fait les choses puisque je termine avec celui qui est, à ce jour, son dernier film. Et celui qui est aussi considéré comme son chef d'oeuvre. L'est-il ? Mais, comment peut-on affirmer ça ? Avant ce film, on connaissait Dupontel et son amour pour le film cartoonesque, physique et saupoudré d'humour noir, voire morbide. Dans ce style là, on peut clairement affirmer qu'il y a un meilleur film. Et le titre revient au "Créateur". Pour "Au revoir là-haut", on découvre un tout autre Dupontel. Un Dupontel beaucoup plus sensible. Mais ça n'est qu'un premier film dans ce style. On verra lors de ses prochaines oeuvres. Et là, on pourra désigner un meilleur film. Bon, celui-là, il vaut quoi ? Je l'admets, je l'ai vraiment pas senti au début. Ça sentait le cramé pour moi. Tout ce qu'il se passe alors que la guerre fait encore rage, ça ne m'a pas emballé du tout. Pour plusieurs raisons : déjà, l'image très orangée, comme on peut la voir chez Jeunet, ça ne m'a pas plu. Pas parce que j'aime pas ça, mais parce que j'estime que pour un combat de tranchées, ça colle pas. Quitte à flanquer une couleur inhabituelle, j'aurais préféré un sépia. Je trouve que ça aurait été plus raccord. Ensuite, le lieutenant, interprété par Laurent Laffite. Désolé, mais au moment de donner des ordres, ça sonne faux. On nous le présente comme un grand malade, mais ça n'est pas crédible une seconde. A cause d'un jeu faux, ça fait limite marrer. Et, pour en finir, et pour en revenir aux couleurs, il y a un autre qui me pose problème : à un moment donné, on voit le jeune soldat, grièvement blessé, se remémorer des souvenirs, allongé sur son lit. Tout le monde aura capté la référence à "Johnny s'en va t-en guerre". Là n'est pas le souci. Le soucis, c'est que sur ce noir et blanc, y a de vilaines traces de vert qui apparaissent. Et je trouve ça un peu craignos. Mais bon, ça n'engage que moi. Et après ça ? Je parlais de sensibilité tout à l'heure. Ça saute aux yeux qu'elle existe. Par moments, Dupontel fait même preuve de beaucoup de pudeur. Mais ça ne suffit pas. D'accord, l'histoire en elle-même est un vrai tonneau de cynisme et, conservant quand même ses vieux réflexes, Dupontel envoie quelques saillies d'humour noir. Mais ça ne va pas. Déjà, l'alchimie entre les deux personnages principaux est inexistante. Mais sérieux quoi. Les mecs ont fait la guerre ensemble, ont flippé dans la même tranchée, chacun a sauvé la vie de l'autre et ils montent une arnaque. Mais, on a l'impression qu'il n'y a aucun lien fort les unissant. Je ne demande pas une relation ambiguë. Mais un minimum de connivence. Or, ici, elle est aux abonnées absents. Donc difficile de se passionner pour l'histoire. La réalisation me pose problème également. Franchement, le film se serait passé dans le Paris d'aujourd'hui, on s'en serait foutu, on connaît. Mais le Paris de la fin des années 10, on ne connaît pas. Certes, la reconstitution est crédible, mais à cause d'une mise en scène bien paresseuse, Dupontel n'exploite carrément pas les décors à sa disposition. Quelques plans-séquences ça et là ne suffisent pas à gommer ça. Même au niveau de l'interprétation, c'est pas le Stromboli. Arestrup, pas de problèmes. Il est clairement au-dessus du lot. Il est tranquillou le meilleur acteur du film. Dupontel, Biscaryat et Balster, individuellement, s'en sortent. Laffite alterne le bon et le moins bon. Les autres, que ce soit Emilie Dequenne, Mélanie Thierry ou encore Philippe Uchan (pour ne citer qu'eux), ne servent absolument à rien. Tout cela est bien dommage. Pour moi, malgré son ambition artistique, "Au revoir là-haut" se regarde une fois et s'oublie aussitôt.