Je crois que je n'aime pas le cinéma d'Albert Dupontel, je n'ai rien contre lui comme acteur, mais vraiment ses films je les trouve d'un ennui certain. Et celui-là d'autant plus que tout le monde en disait du bien, que j'ai lu la BD également scénarisée par Lemaître l'auteur du bouquin dont est tiré le film et qu'elle était franchement sympathique... Je trouve ça ennuyant parce que visuellement je trouve ça assez inintéressant à quelques exceptions faites, mais surtout j'ai déjà vu une représentation graphique avec cette BD, elle était bien, le film n'apporte rien de plus que la BD, donc quel intérêt ? Surtout que là c'est long pour rien.
Pire encore, les changements, notamment la fin (je ne sais lequel est le plus proche du roman, que je lirai peut-être) sont moins bien, plus grand public, donc pourquoi voir ça ?
D'ailleurs le film souffre vraiment de son aspect trop propre, trop lisse. On parle de la guerre, on parle des gueules cassées et finalement on ne voit rien, on ne sent pas cette horreur, Dupontel est bien trop timoré, et si on ne voit pas, on ne ressent pas. J'aimerais bien savoir l'intérêt d'avoir une gamine qui touche les cicatrices défigurant le visage de l'un des héros hors champ. C'est quoi cette idée ?
Pareil, ce même personnage est défiguré car il s'est fait tirer dessus. On le voit, enfin on voit son corps sortir de l'écran sous l'impact de la balle, mais pas la balle défoncer sa mâchoire. Il y a ici une édulcoration de la guerre, qui fait qu'il passe à côté de son sujet, celui de se réinsérer dans la société en ayant une gueule cassée.
Je sais bien que l'imagination fait toujours plus que ce que l'on voit, mais vraiment là ça a existé, on doit pouvoir le voir, on n'a pas à l'imaginer, ça existe... On n'est pas face à une menace indicible dans un film d'horreur, mais face à l'atrocité du réel.
Je sais également que Dupontel aime les univers à l'esthétique surtravaillée et même là il ne va pas assez loin. Je sais pas il y avait mille moyens de rendre ça plus intéressant, un traitement cru de la guerre et fantasmer justement toutes ces scènes de vie avec les masques où on aurait pu se permettre d'être bien plus délirant... Mais en fait c'est juste sage et banal.
J'ai l'impression que Dupontel n'arrive pas à donner de l'ampleur à son film pour qu'il dépasse émotionnellement le film de décorateur. D'ailleurs ce n'est pas pour rien qu'au générique la personne qui a créé les masques arrive dès le début. C'est un film de décorateur où l'émotion est noyée par une musique banale et pompière qui prive le spectateur de tout rapport au réel et à toute émotion.
Après l'histoire est bien, mais mal racontée, c'est long pour rien, ça manque d'inventivité. Les rares scènes qui sortent un peu du lot se comptent sur les doigts d'une main, dont une rupture de la règle des 180° alors qu'un mec annonce à Lafitte que ça se présente mal pour lui. Rien que la mise en scène annonce donc déjà les problèmes à venir pour le personnage.
D'ailleurs toutes les scènes avec Lafitte ou Arestrup sont bien plus intéressantes, parce qu'on sent qu'en rentre vraiment dans la magouille, là où avec l'arnaque aux monuments aux morts on reste assez superficiel, comme si les gentils ne pouvaient pas être un peu pourris malgré tout.
Alors pour l'histoire c'est sans doute le meilleur film de Dupontel parmi les trois que j'ai vus, mais ça reste pas terrible. Et pourtant, au début, j'ai cru que ça pourrait être un grand film populaire, mais très vite en oubliant la noirceur de l'histoire, en la rendant plus classique, plus banale, le film perd son intérêt, notamment avec son rythme.
C'est pas détestable, mais c'est pas bon.