Novembre 1918, dans les tranchées. Il y a comme un air d'Armistice prochaine et les soldats patientent comme ils peuvent. Mais le Lieutenant Pradelle, lui, ne veut pas que ça s'arrête. Et alors que la journée se déroule dans le calme absolu, il provoque une nouvelle bataille meurtrière dont Maillard est le témoin. Puis c'est la fin de la guerre. Maillard et Péricourt, un autre soldat qui l'a sauvé d'une attaque qui l'a gravement défiguré, retournent à Paris et fomentent une grosse arnaque afin de récupérer de l'argent. Mais Pradelle n'est jamais loin...
Déjà quatre ans que j'ai lu ce Goncourt, donc pas mal de détails m'échappent. Néanmoins, si le film semble respecter les moyennes et grandes lignes du livre, il s'en éloigne aussi surtout dans la représentation du Paris de l'époque, plus fêtard et ancré dans les années folles. Cette adaptation a un côté burlesque, oscille entre drame comique et comédie dramatique et joue sur les couleurs et l'aspect scénique dans un cadre plus décalé que celui du livre. Cela peut dérouter quelque peu, mais au-delà de ces divergences d'avec le bouquin, ça se laisse amplement regarder, et avec plaisir tout de même.
Toutefois, là où les cent premières pages du livre sont les meilleures et les plus percutantes, les vingt minutes correspondantes du film ne lui arrivent pas à la cheville. Et a contrario, la suite du film s'avère carrément plus sympa et mieux abordée que celle du livre. Sûrement à cause de cet aspect théâtral, coloré et assez amusant, le visuel aidant grandement à appréhender le fond du problème, à savoir cette arnaque aux monuments aux morts, en décalage complet avec la vie des protagonistes et leur organisation. Ainsi, les deux œuvres se complètent, chacune a sa partie mieux réussie et plus frappante que chez l'autre. Le film, même si le début manque du choc du livre, a quand même l'avantage de ne pas offrir de temps mort ni de longueurs...
Je n'ai pas souvenir d'une fin aussi "heureuse", ni de la présence aussi marquée de la sœur de Péricourt, mais c'est un très bon film qui adapte quand même bien son grand-frère papier. On notera les performances de Laurent Lafitte, parfait dans le rôle du méchant, et de Niels Arestrup, qui offre une interprétation retenue mais juste et cinglante du père de Péricourt.
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