On ne peut que se réjouir de ce film féministe, réalisé par une réalisatrice saoudienne, Haifa Al-Mansour. Qu'une jeune fille, mineure clame sa liberté d'aimer, de penser surtout, qu'elle refuse les idées toutes faites, les préjugés, les allants-de-soi, que le prêt à penser ne l'intimide pas et que tout ça se passe dans l'Angleterre conservatrice, ne peut être qu'enthousiasmant ! La part sombre, c'est que ces préjugés ne sont pas étrangers à l'actualité. Voiler, violer, inféoder les femmes, savoir à leur place en prétendant la complicité d'un dieu, n'est pas très éloigné de ce que Mary Shelley vit au XIXème siècle. Nous croisons le poète Lord Byron, personnage fantasque, à la vie débridée et sans attaches. L'être aimé par Mary Shelley est aussi poète, indépendant ivre de liberté, mais qui aura le mérite de reconnaître que sa bienaimée, est bien l'autrice de Frankenstein. Une jeune femme ne pouvait publier un tel roman dans cette Angleterre conservatrice, c'est donc anonymement, mais avec la caution de son amoureux Percy Shelley, que le livre sera d'abord publié. Le père de Mary en assurera la réédition avec le nom de l'autrice ultérieurement. C'est un hymne à la liberté de créer, de penser, de vivre sans contraintes morales réductrices, que clame ce film. C'est un bel hommage à une femme, qui ne s'en laisse pas compter et affirme ce qu'elle estime juste. Elle est prête à payer le prix fort pour ne pas céder sur son désir, ni s'épargner la souffrance du deuil de son enfant. Cela donne envie d'aller lire son roman "Frankenstein ou le Prométhée moderne" écrit à dix-huit ans...