Quel intérêt de réaliser une nouvelle adaptation d'un classique du cinéma français si le film n'est pas capable d'apporter quelque chose nouveau, voire ne peut pas empêcher de faire penser à l'œuvre originelle ? Là où Deray déroulait un film langoureux, brillamment et sensuellement porté par Delon et Schneider, on se retrouve ici dans un décor luxuriant en Italie, dans une ambiance pus bohème que rock n'roll, où déambulent une chanteuse aphone, un producteur hystérique, un blond ténébreux et une jeune-fille aguicheuse. Certes, les personnages figurent parfaitement le récit de Jacques Deray. Néanmoins, si le réalisateur parvenait à distiller les frasques psychiques de ses héros, Luca Guadagnino se perd dans une longue et interminable comédie sentimentale, où les excès d'argent, d'alcool, de fête, se mélangent au destin terrifiant des immigrés. Le réalisateur abuse des effets de style comme l'atterrissage d'un avion vu de la route à travers son ombre, qui alourdissent le propos, plutôt que de l'élever. Pendant tout le film, on attend la fameuse lutte entre le producteur et le photographe qui arrive tellement tard dans le film que le spectateur n'en est que lassé et fatigué. Evidemment, la scène mythique de Deray tombe à l'eau, dans une vague plus profonde d'ennui et d'esbroufe. L'enquête est escamotée, tant le policier italien brille d'imbécilité. En sus, le réalisateur, certainement assuré de son art, truffe son film de références filmographiques comme The Loft, comme si son regard lourd et complaisant ne suffisait à dérouler son récit. Bref, à la lumière du titre, "The Bigger Splash" est un grand plouf dans l'actualité cinématographique du moment.