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Peter Franckson
56 abonnés
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2,0
Publiée le 19 août 2016
Sans voix off, le film (dont le tournage a duré plusieurs mois) se déroule dans l’agence Pôle Emploi de Livry-Gargan (93). Je n’ai pas décelé le fil conducteur car il s’agit d’une succession de scènes où interviennent demandeurs d’emploi (D.E. dans le jargon) et salariés de l’agence. Le ton est juste et parfois drôle malgré les situations ubuesques : pas de travail à offrir dans cette ville où beaucoup de chômeurs n’ont pas de qualification et souvent pas de véhicule, demande de prendre contact par téléphone à une personne sourde (qui n’a pas accès aussi à internet), ancien collègue de l’agence se trouvant au chômage, etc. Un peu déprimant, vu le manque de moyens et de pouvoir d’action des salariés de l’agence.
Voici un documentaire qui nous plonge dans l’envers du décors de l’organisme des demandeurs d’emplois. Voici, le documentaire de l’usine à gaz et de la paperasserie. Pôle Emploi, ne quittez pas ! est loin d’être une campagne de promotion. Bien au contraire, la caméra de Nora Philippe suit une équipe qui tente, certes au mieux d’aider les usagers, mais qui subi les dysfonctionnements d’un système très mal réglé. Ainsi on entend des phrases à éviter mais inévitables : « Vous avez des diplômes j’imagine ? », « Je ne sais pas, vous avez une situation particulière », « Je n’y peut rien », « C’est vrai que moi je n’ai pas plus d’informations que ça », « Pôle Emploi ne propose actuellement pas de formation dans ce domaine. Après rien ne vous empêche de chercher et de vous le financer vous-même »… Bref, voici un film vérité qui ne cherche à défendre personne, mais qui dénonce peut-être ce qui est mis en place par l’Etat. On découvre aussi la situation précaire des agents avec leurs dérives et sans connaissance de leur propre avenir. Comme le dirait un employé, « On est pas tranquille à Pôle Emploi, c’est une vague en perpétuelle mouvement. » Voici un documentaire, donc très intéressant, qui montre mais ne propose pas de solution. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
Une plongée dans la réalité, sans misérabilisme ou de bonnes paroles. Des scènes qui apparaissent familières lorsqu’on est déjà passé par cette case « Pôle emploi ».
Avec autant de ténacité que le grand documentariste américain Frederick Wiseman, la réalisatrice a pris pied dans une petite agence de cette gigantesque machine administrative pour comprendre comment l’établissement public fonctionne, ou plutôt ne fonctionne pas. Car dès le début du film, rien ne va : de la file d’attente qui se forme bien avant l’ouverture des portes aux dialogues de sourds au guichet, des erreurs du système informatique aux échanges kafkaïens entre les usagers de ce service public et les conseillers du Pôle emploi, tout coince, rien ne rentre dans les cases des tableaux prédéfinis, aux lignes et colonnes pourtant idéalement orthogonales.
On s’en doute, la direction de Pôle Emploi n’a pas apprécié le film de Nora Philippe, qui n’a pourtant pas réalisé ce documentaire pour s’entêter avec un malin plaisir à tirer sur l’ambulance. Comme tout documentaire, celui-ci nous pose une question. Au-delà du Pôle emploi lui-même, est-ce l’utopie de l’emploi qui ne tient plus ?
Nora Philippe est allée filmer pendant trois mois une agence de Pôle Emploi. Elle n'instruit pas un procès à charge mais présente le quotidien de fonctionnaires pleins d'humanité et de bonne volonté incapables de de mener à bien leur tâche : une foule de demandeurs d'emploi partis battus d'avance, des procédures administratives kafkaïennes ... et l'absence d'offres d'emploi. Son documentaire est une vraie réussite. Il s'inscrit dans la lignée d’œuvres similaires qui, avec une grande finesse, nous ont fait découvrir de l'intérieur le monde de l'administration et du travail : "Les arrivants" sur les demandeurs d'asile, "Entrée du personnel" sur le travail à chaîne dans les abattoirs, "Dans un camion rouge" sur les sapeurs-pompiers .... Depuis quelques années, on voit de plus en plus de documentaires au cinéma. Tous excellents. D'où vient alors qu'on ressente une impression de déjà vu ? Peut-être dans la répétition d'une forme qui, pour avoir fait ses preuves, provoque désormais une certaine lassitude : une caméra subjective, l'absence de commentaires, de voix off, de sous-titres, un refus de la contextualisation ...
Immersion totale dans Pôle Emploi ! A ne pas rater même si c'est le type de documentaire qui ne sera qu'à la programmation de quelques salles d'art et essai ou pour illustrer des soirées-débat. Rattrapage sans doute possible d'ici quelques mois sur la chaîne parlementaire LCP mais ce n'est pas non plus un canal grand public ! Bref, pour initiés certainement mais pourtant pas du tout ennuyeux et même très prenant. Des scènes de vie restituées avec tact et mesure. Non sans qualité et bons choix techniques dans les prises de vue. Cette fille de demandeurs d'emploi qui s'engouffrent à la queue leu-leu dans Pôle Emploi dès l'ouverture des bureaux et qui vient rythmer le passage d'une séquence à l'autre est d'ores et déjà culte. Tout comme ce dialogue (?) entre un agent de Pôle Emploi et un usager muet, traduction en langue des signes faite par le gamin de l'administré. Absurde mais finalement beau. Difficile de comprendre que la direction de Pôle Emploi ait pris ombrage de ce documentaire en ne le diffusant pas comme prévu à l'ensemble de son personnel en craignant parait-il que celui-ci réagisse mal et se sente attaqué. Il n'y a aucune raison et au contraire ce documentaire reste un hommage au travail quotidien de ces derniers qui font ce qu'ils peuvent comme il peuvent.
Une organisation bordélique, une façon de s’adresser aux gens lamentable, un mépris consternant, une inutilité d'un service qui se ressent, bienvenue dans cette administration qui n'attire pas. Surbookés peut-être, sous-effectif peut-être, mais service à la clé inadmissible ; Pôle-emploi ne sera bien entendu pas à son avantage dans le documentaire que nous livre Nora Philippe. Malheureusement, celui-ci n'entre pas assez dans le vif du sujet, une heure de pellicule reste bien trop bref pour donner une réelle image d'ensemble, d'autant plus qu'une seule et unique agence sera présentée. En effet, ça manquera de situations diverses et variées (qui existent pourtant bel et bien). Pour trouver du boulot aux citoyens, il faudrait au préalable engager des conseillers digne de ce nom... On imagine en tout cas la déception de ces demandeurs d'emploi face à l’incompétence de leurs interlocuteurs. Le chômeur ne peut décidément compter que sur lui-même... Quoi qu'il en soit, l'initiative du documentaire reste intéressante, le fait de dénoncer ce type d'administration permettra d'ouvrir les yeux à certains "inhabitués du concept", et pourquoi pas bousculer un peu certaines directions... Est-ce le premier d'une longue série ? En tout cas, nul doute qu'un projet visuel immersif sur d'autres administrations aux "caractéristiques similaires" sera également le bienvenu.
Un documentaire passionnant qui révèle les failles, les difficultés mais aussi le dévouement d'une entreprise publique. (...) Au final, Nora Philippe offre une belle galerie de portraits de ces travailleurs qui, pour la plupart, se démènent sans reconnaissance et malheureusement, souvent, sans résultat probant. Un état des lieux alarmant, non dépourvu d'humour, qui met chacun face à son jugement.
Le voilà donc, le documentaire qui met en exergue l'organisme d'état le moins aimé du pays. Un documentaire qui se révèle par la seule expression de ses images, sans voix-off explicative ni préambule en forme de résumé, à la manière d'un Depardon de la grande époque. Pour sûr, le regard quelque peu timide de la réalisatrice ne hisse pas ce Pôle Emploi au niveau du maitre, mais il comporte suffisamment de moments forts pour s'avérer un conseil cinématographique. Pour en savoir plus, lisez notre critique complète:
En à peine quelques jours de temps, un peu par hasard, j’ai eu l’occasion de voir plusieurs documentaires français récents prenant le pouls de la société, dans plusieurs domaines que ce soient.
Après Steak (R)évolution, qui tentait de réhabiliter le travail des professionnels de l’agro alimentaire un peu décrié dernièrement, Pole emploi ne quittez pas, qui sort en salles mercredi prochain, tente d’aller sonder du coté d’une institution particulièrement mise à mal également par l’opinion publique, à savoir Pole Emploi.
En 2013, en France, alors qu’un actif sur six est sans emploi et le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé depuis quinze ans, l’organisme chargé d’indemniser les chômeurs et de les accompagner à la recherche d’un poste a vu son fonctionnement et son organisation particulièrement remis en question.
On saura gré à Nora Philippe de proposer avec ce documentaire une plongée inédite dans le travail d'une administration que le cinéma documentaire avait peu visité jusqu’à présent, contrairement à d’autres institutions telles que les écoles, les hôpitaux ou les tribunaux.
En posant sa caméra (avec une équipe très légère composés de 3 personnes, elle comprise) dans une l'antenne de Pôle emploi de Livry-Gargan, une commune plutôt tranquille de Seine-Saint-Denis, Nora Philippe choisit d’écarter le sensationnalisme cher aux documentaires dont la télévision est si friande (et moi, beaucoup moins).
Ici, pas (ou peu) de clash, de cris d’usagers floutés qu’on voit frauder ou faire un scandale, mais une plongée subtile et sensible dans le quotidien d’une institution qui dysfonctionne, à travers le travail de ses agents. On voit dans le documentaire de Nora Philippe à quel point les conseillers de Pôle emploi subissent de plein fouet l’absurdité du système coincés entre les exigences, souvent totalement contradictoires et incompatibles des demandeurs d’emploi et de leur hiérarchie. L’obligation de résultat que celle-ci leur demande ne prend hélas que très rarement en compte le parcours individuel de l’usager, l’important étant avant tout de faire du chiffre. Très proche du quotidien des conseillers, le film offre plusieurs séquences fortes (comme celle de la lecture des courrier decontestations de lettres de radiation) et qui surtout, ne sont jamais sacrifiées sous l’autel du reportage spectacle.
Mais cela n'empêche pas au film de Nora Philippe de ne rien nous cacher du malaise que ressentent les agents de l’institution, confrontés à diverses absurdités du système et de cette fameuse bureaucratie chère au sociologue Michel Crozier, à savoir « une organisation qui n’arrive pas à se corriger en fonction de ses erreurs ».
Dans ce documentaire, un seul centre Pôle Emploi est étudié mais je pense qu’on peut généraliser assez aisément à partir de l’observation de celui-ci sur les forces (un personnel qui ne compte pas ses heures et qui veut vraiment aider les demandeurs d’emploi à défaut de pouvoir réellement le faire pour tout un tas de raisons) et surtout les faiblesses de ce service public en terme de moyens (le nombre d’employés par rapport aux nombre de demandeurs d’emploi à traiter, le nombre d’appareils en panne simultanément (ordinateurs, photocopieuse…)) ou de relation humaine avec les usagers (un manque évident d’empathie dans certaines réponses voire de l’agressivité dans la relation avec les usagers, aucune pédagogie ou psychologie dans les réponses (par exemple, cela n’apparaît pas nécessaire pour l’employée préposée à l’accueil des demandeurs d’emploi de leur expliquer qu’il leur est impossible, alors qu’ils se sont déplacés, de « s’inscrire » sur place sans qu’ils se soient préalablement « identifiés » par téléphone ou de leur expliquer le délai de traitement lié à l’expression « en cours de traitement » et j’en passe et des meilleures)). Mais surtout, il y a un problème d’organisation flagrant : le travail statistique (bien différencier les DELD – Demandeurs d’Emploi de Longue Durée - des DETLD – Demandeurs d’Emploi de Très Longue Durée – ou bien une demande de consolidation de chiffres par portefeuille sur un fichier reçu à 16h20 pour le soir-même sans le mode d’emploi associé à ce travail) prenant la place sur le travail de recherche et d’offre d’emploi. Les entretiens mensuels personnalisés de l’époque Sarkozy ayant fait long feu, on met désormais en place des entretiens de groupe de 14 personnes en partant du prérequis que certaines personnes convoquées ne viendront pas, sinon, ce n’est pas gérable ! Vive le surbooking à la sauce Pôle Emploi. En somme, un documentaire instructif mais austère et qui manque d’analyse. Il y a eu mieux récemment comme documentaire sur Pôle Emploi (je pense en particulier à l’émission télévisée « Les Infiltrés - Pôle Emploi : Mission Impossible »).
Cette plongée dans les scènes savamment exfiltrées d'une centaine d'heures de rushes rassemblés en trois mois de tournage est tout à fait intéressante à suivre : le Pôle emploi apparaît comme un microcosme exemplaire de l'incongruité des institutions en charge des questions humaines. (...) C'est là que l'on prend la mesure de la force de l'immersion et du cinéma direct (caméra légère mais quand même avec perchman et ingénieur du son) : des moments signifiants captés dans le brouillard de la quotidienneté, la richesse du divers. Le grand mérite du film est de ne stigmatiser personne. Comme le dit la réalisatrice dans une interview sur challenges.fr : "Les chômeurs ne sont pas des assistés et les agents de Pôle emploi ne sont pas des bourreaux. Le problème est ailleurs…" C'est cet ailleurs qui émerge à la vision du film, une question posée en connaissance de cause : comment restaurer de l'humain dans un système bureaucratique ?