Un petit bijou du cinéma français, une pépite brute, pas tout à fait bien taillée, avec quelques imperfections,mais tellement éclatante de fraicheur et de spontanéité. C'est un hymne à la liberté et à la révolte, teinté de surréalisme. La révolte de ces écoliers est radicale et balaye tout sur son passage, il n'y a pas de place au compromis. On comprend que ces pensionnaires arrivent probablement d'horizons différents mais une amitié les regroupe et ils décident de monter une révolte. L' apothéose est la scène de la bataille de pelochons, à la fois sur le fond et par la forme , ralenti cultissime ou tout est noyé dans un nuage de plumes, et manifeste de la révolte sans retour possible avec le drapeau noir à tête de mort tard les révoltés montent sur le toit et jettent des objets sur les officiels , le Proviseur nabot, le préfet. Le plan final est l'ascencion du toit d'où ils hissent le drapeau noir , C'est tout un symbolique forte . Mais le film est aussi parcouru de séquences burlesques, fantaisistes qui lui donnent un charme différent, on est pas dans "Potemkine" , mais plus près de Bunuel et Dali. L'esquisse de dessin animé Disneyien, l'imitation de Charlot par le surveillant sympatisant Jean Dasté, , la moquerie du proviseur nabot, autant de clin d'oeil au Dadaisme naissant. La bande son ,peu audible , a par contre le bénéfice de la fraicheur d'une prise directe en live et non remixer en studio. Il faut se souvenir que Jean Vigo est le fils d'un journaliste anarchiste célébre du début du siécle ,Miguel Almereyda, rédateur en chef de brulots pacifistes " Bonnet Rouge" , et la " Guerre sociale" . Arrêté en 1918 , il sera retrouvé pendu en prison ?. Son fils au travers de sa ( courte) oeuvre cinématographique essayera de lui rendre hommage tout en prenant en compte une certaine filiation. Après une longue période au placard la spontanéité et la fraicheur de Jean Vigo seront reconnus et pris en compte d'abord par les cinéastes de la nouvelle vague qui lui rendront hommage ( Godard, Truffaut ), puis ensuite par les cinéastes des années post 68, : Ferreri, Jodorowski, Faraldo, qui reprendront la suite de cette veine du cinéma anticonformiste ,mêlant jubilation et révolte.