Une jolie romance touchante, poétique et fleur bleue bien divertissante et agréable à regarder. L'histoire qui nous est ici contée se déroule
dans une charmante petite ville de l'Angleterre rurale. Si elle est originale et artiste dans l'âme, Louisa "Lou" Clark, 26 ans, n'a aucune ambition particulière. Elle se contente d'enchaîner les boulots pour permettre à ses proches de joindre les deux bouts. Jeune et riche banquier, Will Traynor était un garçon plein d'audace et d'optimisme jusqu'à ce qu'il se retrouve paralysé, suite à un accident survenu deux ans plus tôt. Devenu cynique, il a renoncé à tout et n'est plus que l'ombre de lui-même. Autant dire que ces deux-là auraient pu ne jamais se rencontrer. Mais lorsque Lou accepte de travailler comme aide-soignante auprès de Will, elle est bien décidée à lui redonner goût à la vie. Et peu à peu, les deux jeunes gens s'éprennent passionnément l'un de l'autre. La force de leur amour pourra-t-elle survivre à leur destin qui semble inexorable ?
L'amour peut-il tout guérir ? Peut-il venir à bout de tout ? Peut-il être plus fort que la déchéance sociale, la maladie, ou le handicap ? Spontanément, on a envie de répondre par un grand "oui". Parce que nous sommes des amoureux en puissance, que nous cultivons (secrètement) notre côté fleur bleue avec passion et avons gardé bien au chaud des cœurs gros comme ça en guimauve enrobée de caramel fondant. Théa Sharrock, sans doute moins prompte à s'enflammer de la sorte sur un sujet aussi épineux, a décidé de se pencher sérieusement sur la question en s'attaquant à l'adaptation de "Me Before You" ("Avant toi"), un roman à succès de Jojo Moyes. Alors, énième mièvrerie sur le thème de l'amour impossible qui ne l'est pas, ou jolie composition du genre ? On pourrait reprocher au film (mais au bouquin d'abord) de nous livrer en pâture des personnages trop caricaturaux, trop archétypaux, tant ils sont, de prime abord, englués dans des relations unilatérales, calfeutrés dans leurs opinions têtues. C'est d'abord ce fil qui m'a capté. Celui qui se noue, avec ô combien de difficultés, entre Lou, ravissante excentrique altruiste dont l'optimisme échevelé est, au choix, ou contagieux ou rebutant et Will, jeune homme taciturne et capricieux
victime deux ans plus tôt d'un accident qui l'a laissé paralysé
. Pas encore de quoi faire la fête, mais l'on pressent rapidement que cette histoire-là peut (et va) marquer les esprits, à sa manière. Alors que la yes girl
conquiert avec peine le zombie boy
, la machine s'ébranle, et nous voilà entraîné dans un tourbillon tragi-comique, délicat et tendre, cruel et implacable, drôlatique et sobre. La vitalité de l'une
peine à ranimer l'âme moribonde de l'autre, déjà tout absorbé par l'issue définitive à laquelle il pense depuis des mois. Presque sans hésiter, Lou se lance dans une véritable course contre la mort pour empêcher Will d'aller au bout de sa funeste démarche et lui redonner goût à la vie. Et alors, en même temps que des sentiments plus forts s'ébauchent entre eux, le doute s'installe en nous. Peut-elle vraiment remporter un pari aussi fou ? Y a-t-il quoi que ce soit qui puisse le faire changer d'avis, brisé comme il l'est ? Et si c'était lui qui pouvait la sauver, elle
? Une certitude, cependant : impossible de résister au charme de la pétillante Emilia Clarke, absolument adorable. Si la khaleesi de la célèbre série américaine de fantasy "Game of Thrones" nous a habitué à des répliques fortes, des scènes choc, un caractère de feu, la (re)découvrir ici en mode Pokémon est un régal. Elle est juste trop mignonne dans ce rôle, véritablement à croquer, pleine de fraîcheur et de spontanéité. Face à elle, Sam Claflin ne démérite pas dans un rôle difficile, traduisant avec brio les états d'âme très sombres avec lesquels son personnage se débat, tour à tour caustique, plein d'aigreur, mais aussi séduisant (c'est Sam Claflin quand même). Le seul souci avec son personnage c'est sa fâcheuse manie de souvent appeler Lou par son nom de famille, Clark. Le duo fonctionne à la perfection, ce qui ne gâche rien, entouré de seconds couteaux savoureux, mais trop effacés : Charles Dance ("Game of Thrones"), Matthew Lewis (Neville Londubat dans "Harry Potter") qui joue ici le rôle du petit ami de l'héroïne insupportable de jalousie, Jenna-Louise Coleman ("Doctor Who"), Brendan Coyle ("Downton Abbey"). "Avant toi" esquisse l'ébauche d'une romance forte, certes, poignante même, mais ne se contente pas de cette enveloppe de friandise à consommer quand le moral calanche. A vrai dire, mieux vaudrait absolument l'éviter en pareil cas. Car au-delà de la bluette promise, sont abordés et très bien mis en valeur des thèmes forts tels que l'acceptation de soi, l'importance du libre-arbitre, l'importance du choix et le respect de celui-ci, quel qu' il soit, la force d'aller de l'avant, le droit à baisser les bras, la vie qui tient à un rien. Avant d'être une romance, "Avant toi" est un drame, dont les enjeux prennent aux tripes, sans effets d'apitoiement. La force de ce film, c'est son refus de céder à un happy-end trop cliché, à la facilité de ce qui, pour beaucoup, relève de l'évidence. Il s'autorise au contraire le droit de ne pas verser dans la morale de bon ton et de proclamer une autre vérité, en abordant une alternative effrayante, dérangeante (le débat est ouvert) mais qui existe. Et c'est à cet égard que le film tire véritablement son épingle du jeu : en proposant autre chose. Seul (gros) bémol : la bande originale, d'une mièvrerie désespérante, complètement en décalage. Mais le charme emballant des comédiens, l'histoire sensible et complexe lorgnant agréablement vers une tendre drôlerie, la touche d'extravagance face à l'insoluble dilemme du prisonnier m'ont personnellement convaincu. C'est donc un bon film d'amour, qui en plus a le mérite de nous immerger dans une atmosphère anglaise particulièrement savoureuse, avec des costumes et des décors incroyables et vraiment très "british", avec une mise en scène très efficace, que je recommande chaleureusement, à voir pour tous les amateurs de romances bien écrites, car c'est vraiment un bon film dans ce genre-là. C'est vraiment une belle histoire d'amour en définitive