J'aime bien Emilia Clarke; elle est bonne dans tout ce qu'elle fait. A chaque fois qu'elle tourne un truc, t'as un million de fans qui lèvent les yeux au ciel, remercient le seigneur de tant de grâce visuelle. Et puis, t'as les autres; t'as moi, qui la kiffe en femme fatale, en Kalheesi mère des dragons, en Sarah Connor mère de la résistance. C'est un peu comme si Clarke était née pour enfanter, tu vois. Et v'là que cette année, ladite mère de l'humanité a accouché d'un petit film d'amour prometteur. Sauf que non. Juste non. Faut arrêter avec les mélodrames brumeux, avec toutes ces comédies romantiques qui se ressemblent toutes sans jamais chercher à se démarquer des autres. Y'en a marre de toujours se taper les mêmes amours causés par les mêmes raisons, de toujours devoir supporter des cruches qui tombent amoureuses de riches hommes célibataires. Mince, sortez des clous, les gars; tentez des choses. Nos étoiles contraires le faisait, et même s'il n'était guère parfait, au moins était-il beaucoup plus plaisant, et bien moins rébarbatif que cet "Avant toi". Déjà, rien qu'au titre j'aurai du capter ce dans quoi je m'engageais; et puis, y'a l'affiche, bien stéréotypée. Et les acteurs qu'en font des caisses et des caisses, parce qu'ils croient qu'ils jouent dans un chef-d'oeuvre. Je l'ai déjà dit et je le redis : "sauf que non". Niais comme peu d'autres, réalisé avec une certaine pauvreté visuelle, le film manque cruellement de personnalité; quand tu cherches à te souvenir de tel ou tel plan, que tu veux te remémorer de jolis moments, des passages originaux, uniques, y'a pas grand chose qui te vient en tête. A la rigueur, la fin marque, mais elle se révèle tellement mal amenée, tellement mal introduite qu'au final, ça fait comme pour Esther, ça tombe de nul part, et t'as vite fait l'impression que les mecs y ont pensé à la fin sans l'introduire avec habileté. Puis vient le cas d'Emilia Clarke. Et là, ça pardonne pas. Non, ça pardonne plus depuis que les femmes ont gagné leur indépendance et leur pouvoir de séduction, depuis qu'elles s'assument pleinement et qu'elles se mènent elles-mêmes. Les rôles de cruche idiote, de fille timide qu'à tout le temps besoin de l'homme pour qu'on prenne soin d'elle, ces femmes vulnérables et inintéressantes que l'on nous présente souvent dans bien des films, c'est suffisamment too much pour arrêter d'en faire. D'autant plus que Clarke se concentre tellement sur son jeu, tente tellement de paraître la plus conne possible qu'elle en oublie sa relation avec son partenaire de jeu, un Sam Claflin bien effacé. Certes, tout deux possèdent un certain charme, mais il arrive rapidement un moment où l'alchimie ne se fait pas; séparément, ils sont beaux ( même l'autre valkyrie qui tente d'être moche ), et c'est ensemble qu'ils s'affadissent. Un constat d'autant plus curieux que ce genre d'oeuvres repose presque entièrement sur l'alchimie régnante entre les deux acteurs qui tiennent les rôles principaux; plus que d'en donner l'impression, ils doivent surtout nous faire ressentir leur désir, leur amour, leur complicité. Ici, niet, rien, nada. Clarke tente tellement de faire du contre-nature qu'elle en oublie royalement de jouer autre chose. Un film qui passe à côté de son sujet : divertir le spectateur en apportant quelque chose d'original au cinéma.