"Man en high heels" est un film hybride ; hybride au sens qu'il mélange tous les genres : action, comédie sentimentale, drame psychologique, le soap opéra gore, etc. L'hybridation du style produit ainsi une œuvre composite, à la photographie très soignée, qui, comme tous les films du genre, donnent à la mise en scène un aspect très chorégraphique des combats nombreux. L'histoire est simple : celle d'un policier, Joon, une sorte de justicier solitaire et mystérieux, en proie à un changement d'identité, et face à lui, une mafia dangereusement et comiquement brutale. Tout le film joue avec les ambiguïtés du propos. On n'est pas franchement dans la comédie, mais le recul que le réalisateur emploie pour regarder le monde, apporte au récit une dimension quasi burlesque. A la fois, le spectateur s'amuse de ces personnages décalés, allumés, et à la fois, il prend conscience d'une société coréenne en perte de repères, totalement corrompue. Le cinéma coréen fait preuve d'une véritable créativité où la poésie côtoie l'horreur et la folie meurtrière. Plus que jamais, "Man on High Heels" décrit à merveille une époque parfaitement décadente, baroque, où les individus tentent de retrouver une place au milieu d'une société désagrégée et violente. Bref, ce film est un petit bijou de drôlerie, de cruauté et d'inventivité, qu'il faut regarder pour ce qu'il est : une cruelle critique de nos sociétés contemporaines.