Passé assez inaperçu lors de sa sortie en salles, « La Taularde » aurait sans doute mérité un autre destin. Souvent abordé mais toujours intéressant si bien traité, l'univers carcéral est ici mis en valeur avec intelligence, sa principale particularité étant d'évoluer dans un milieu féminin. Si le point de départ a parfois du mal à tenir la distance pour justifier la présence de l'héroïne (je sais bien que l'amour rend aveugle, mais il y a quand même des limites), le scénario reste relativement cohérent, notamment dans son évolution ou le relationnel que peuvent avoir les différentes détenues entre elles. D'ailleurs, au moment où je trouvais que nous virions presque au « en prison, toutes les prisonnières sont sympas », une scène vient brutalement nous ramener à la réalité, signe d'une violence pouvant exploser à tout instant. Dommage qu'un très gros point noir vienne s'immiscer dans ce ressenti souvent positif : la qualité sonore. Alors niveau ambiance, bruits des portes, pas, mouvements perpétuels : rien à dire, c'est du travail de pro. Mais concernant les comédiennes, c'est le désastre constant. Alors peut-être que ce sont toutes les actrices dont les propos sont régulièrement incompréhensibles, mais au vu du casting, cela m'étonnerait beaucoup. Résultat : malgré plusieurs écoutes, impossible à de nombreuses reprises d'entendre ce qui avait pu être dit, ce qui est évidemment assez désagréable, pour ne pas dire stupéfiant. Les actrices n'en sont pas moins remarquables, parfois totalement à contre-emploi : je pense à une impeccable Sophie Marceau, bien secondée notamment par Suzanne Clément, Eye Haïdara, Anne Le Ny, Pauline Burlet, Nailia Harzoune ou Naidra Ayadi, mais celle retenant assurément l'attention au point de faire oublier tout le monde à chacune de ses apparitions, c'est Alice Belaïdi, confirmant tout le bien que je pensais déjà d'elle. Enfin, à noter une scène finale assez forte, à défaut d'être totalement crédible dans son déroulement, plus réussie en tout cas qu'un dénouement un peu platounet, évitant toutefois intelligemment un
« happy end »
quasiment impossible. Quelques maladresses, donc, dont ce sidérant problème technique évoqué précédemment, mais plutôt un bon film sur un sujet propice aux histoires fortes, et l'un des plus beaux rôles de son actrice principale, soumise ici à une rude concurrence.