Housebound, le premier long métrage de Gerard Johnstone, réalisateur néo-zélandais, sortira en France directement en DVD, faute de n’avoir pas pu trouver de distributeur en salle, le 16 février 2015. C’est pourtant ce genre de production originale que nous aurions besoin de voir arriver dans nos salles pour supplanter les Paranormal Activity et autres Annabelle qui n’inventent plus rien et ne se réinvente même pas elle-même. La Nouvelle-Zélande continue à nous offrir une petite production horrifique dont émerge chaque année quelques petites perles.
Kylie Bucknell (Morgana O’Reilly) est une petite délinquante à qui la chance sourit rarement. Après un braquage qui tourne au ridicule, elle est condamnée à porter un bracelet électronique et à purger une peine chez sa mère, insupportable bavarde raciste à tendance bar du commerce, Myriam Bucknell (Rima Te Wiata) et son beau-père atone, Graeme (Ross Harper). Cette dernière est persuadée que la maison est hantée. Sa fille doute, mais des phénomènes bizarres vont peu à peu la convaincre tandis que son agent de probation Amos (Glen-Paul Waru), passionné de paranormal va leur prêter maint-forte. Cependant, le psychologue Dennis (Cameron Rhodes) pense que les deux femmes perdent la tête.
Gerard Johnstone mélange pêle-mêle plusieurs styles, l’horreur avec l’usage de quelques « jump scare » lorgnant davantage vers la suggestion et l’épouvante, mais surtout vers l’humour nimbé de fantastique, sur les traces de Peter Jackson (retrouvez notre article sur le dernier chapitre du Hobbit). Les deux actrices jouant la mère et la fille sont tout bonnement excellentes dans le registre comique. Par certains aspects, Kylie Bucknell rappelle le personnage de Sarah dans l’excellente série canadienne Orphan Black. Sa désinvolture et ses moues dégoûtées en font d’emblée un personnage au second degré que personne, en conséquent, ne veut croit. L’agent de sécurité Amos se mue en véritable geek ambulant, contre toute attente, dès qu’il entend parler d’ectoplasme.Le psychiatre, censé représentait la raison au milieu de tout ce capharnaüm, semble également avoir besoin d’une bonne thérapie.
Le scénario glisse lentement mais sûrement, décalant progressivement son propos, naviguant avec une certaine virtuosité entre les genres, et réussissant, apanage le plus important du thriller, à ne pas nous laisser une seule seconde devinait le dénouement et tous les fils de l’intrigue. On retrouve dans Housebound, le brin de folie qui faisait le sel des premières réalisations de Peter Jackson, qui a perduré avec des réalisateurs comme Jonathan King et son Black Sheep ou bien Greg Page (Bad Trip). Il existe bel et bien, une école néo-zélandaise reconnaissable parmi les autres. Le personnage d’Eugen (Ryan Lampp) rétréci la frontière entre la réalité et le fantastique, agissant comme une projection de notre propre peur de l’inconnu. Une fois son rôle dévoilé, et malgré son look burlesque à souhait, on ne sait pas si, d’un moment à l’autre, il ne deviendra pas une menace.
Nous n’en dirons pas plus sur cette sympathique péloche fauchée qui prouve une fois de plus qu’un manque sévère de moyen n’est en aucun cas, un frein à la créativité. Nous vous laisserons la découvrir à sa sortie dans les bacs. Sachez toutefois que le film est déjà disponible avec le dernier numéro de Mad Movies.
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