Si le 24 février dernier, tout le monde avait les yeux fixés sur The Revenant, un autre film tout aussi prodigieux est sorti à cette même date.
Réalisé par Samuel Collardey, Tempête nous plonge dans la vie de Dominique, pécheur vivant entre terre et mer. Un docu-fiction saisissant qui a bouleversé les festivaliers à la dernière Mostra de Venise.
Les Sables-d’Olonne, c’est donc en Vendée que se déroule le troisième long métrage de Samuel Collardey. Le réalisateur met en scène la vie de Dominique Leborne qui joue ici son propre rôle, de même que toute sa famille (ses enfants, sa mère, son oncle). Très proche du documentaire, Tempête ne compte que très peu d’acteurs professionnels, on reconnaîtra tout de même Patrick d’Assumçao (notamment connu pour sa magnifique interprétation dans l’Inconnu du lac), mais ne fera qu’une brève apparition. Dans Tempête, Collardey retrace le parcours plus ou moins chaotique de Dominique, pêcheur engagé sur un bateau jonglant entre l’océan (faire le grand métier) et le continent au gré des marées. Divorcé et père de deux enfants, Dominique qui souhaite une autre vie pour lui et sa famille devra affronter des étapes difficiles. Entre la grossesse de sa fille adoptive et son désir d’acquérir son propre bateau, le film retrace les moments importants de la vie du personnage principal, moments qui se sont réellement déroulés.
Entre fiction et réalité, ce film nous rappelle sur plusieurs points les films des frères Dardenne ou encore ceux de Ken Loach. Très émouvant, parfois brutal, le réalisateur se concentre davantage sur la vie de Dominique sur le continent, bien plus tumultueuse que sa vie en mer. Les passages en mer (malheureusement trop rares) sont d’ailleurs des moments d’échappatoire pour le personnage qui oublie ainsi l’étroitesse et les tumultes de la terre. Tempête est un film qui repose avant tout sur ses interprètes, principal moteur qui fait avancé le long métrage. On est impressionné par le jeu de ces acteurs non professionnels qui rejouent des scènes leur vie (très intimes) devant la caméra. Sur ce point, on ne peut qu’être époustouflé par le travail du metteur en scène pour parvenir à ce degré de réalisme. La palme revient bien sûr à Dominique Leborne qui a reçu le prix de la meilleure interprétation masculine à la dernière Mostra de Venise.
Une nouvelle fois, Samuel Collardey réalise un excellent film. Auteur de Comme un Lion sorti en 2011, ce film racontait le parcours de Mitri, jeune sénégalais rêvant de devenir footballeur professionnel en Europe. Inspiré d’une histoire vraie, Comme un Lion montre une réalité du football de plus en plus fréquente pour des dizaines de jeunes africains souhaitant avoir une vie meilleure grâce au sport professionnel.
Révélation de ce début d’année déjà riche pour le cinéma français, Tempête est le film à voir, amateur du grand large ou non.