Ce lundi 29 Juin 2015, nous avons pu assistez à l’avant-première du dernier film de Laurent Tuel, Le combat ordinaire, inspiré des trois premiers tomes de la saga éponyme de bande dessinée de Manu Larcenet. Le bédéiste y croquait Manu, la trentaine, jeune homme mélancolique, un peu dépressif, inquiet face à l’avenir, qui se construit à travers les petits miracles du quotidien, ces petits riens qui irradie le monde de leur beauté innocente. Tuel reprend cette narration utilisant même certains usage graphique pour offrir un film émouvant qui dans la même veine que Boyhood n’arrive pas à la même virtuosité.
Sur fond sépia, Manu (Nicolas Duvauchelle) se parle à lui-même autant qu’il parle à notre for intérieur. Parce que nous sommes tous un peu ce Manu-là. Il a juste un peu plus de mal à vivre avec ces névroses. C’est pour ça qu’il suit une psychanalyse. A trente ans déjà, les premières désillusions de sa jeunesse s’efface au profit d’une angoisse de moins en moins dissimulable. Reporter de guerre, métier qu’il aimait, il veut désormais tourner la page. Il n’a réussi qu’a dénoncer l’horreur. Et elle l’a rongée. Parce qu’il est sensible notre Manu derrière son air bourru. Quittant les zones de conflit, se retrouvant au chômage, il entame une nouvelle bataille, le combat ordinaire.
Désormais, ce sont des belles choses, des choses intemporelles qu’il veut photographier. Et de toutes les merveilles, c’est bien Emily (Maud Wyler) qui l’inspire le plus.Grâce à son chat, blessé par un renard, l’instant fugace du coup de foudre a eu lieu. Hanté par la mort, dont son père, malade d’Alzheimer (regardez Still Alice à propos, un très beau film) lui rappelle la cruelle présence, Manu n’en reste pas moins incapable de se projeter dans l’avenir. Puis un jour, son chat Adolf, qu’il a nommé ainsi à cause de ces sautes d’humeur, meurt. Ce vide que le félin laisse, Manu en saisit enfin toute la portée. Il ne peut laisser fuir Emily. Il faut qu’il prenne racine, planter des clous, construire un foyer, devenir père.
Ce qui est précieux glissera entre vos mains semble nous dire Le combat quotidien. L’intangible splendeur du monde est partout, il faut juste apprendre à la saisir. Sur les docks, les amis ouvriers de son père, travaillent de leur main à l’achalandage de marchandises qui parcourront un monde si vaste qu’il ne le comprenne plus. Ces quantités négligeables, ces êtres humains broyés, aux mains abîmés par le sel, aux visages tordus, immortalisés par Manu, les dockers de Lorient disent une histoire de fraternité et de solidarité que tant voudrait faire taire mais qui restera immortelle.
Le combat ordinaire est de ces films nécessaire qui ramène l’humanité à sa plus simple expression, aux choses simples, aux gens ordinaires. On ne peut qu’être touché par l’intention universelle du propos. Le plus beau des combats est certainement d’honorer les vivants, de célébrer la vie, dans un monde cynique où la mort, déjà finalité, est parfois un but.
Vous pourrez retrouvez en salle le film dès le 15 juillet 2015.
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