Déjà vu au grand journal dans la série Bref de Canal plus, le jeune humoriste Kheiron s'essaie à la réalisation de son premier film, où il incarne aussi le rôle principal, celui d'un opposant politique iranien, contraint de quitter le pays en laissant une partie de sa vie, mais en route vers la France en compagnie de sa femme au caractère affirmé (Charmante Leïla Bekhti) et de leur enfant.
Dans cette histoire familiale, puisque Kheiron prend le rôle de son père à la vie, les moments tendres, les situations cocasses et les rencontres pleines de bons sentiments foisonnent. La mise en scène est enjouée, avec de jolis moments, à l'image du cours d'éducation sexuelle donné, non sans mal aux femmes du village, hilarant, ou de la couardise du père de Fereshteh (Gérard Darmon) vite écrasée par l'autorité de sa femme (Zabou Kreitman). Les interprètes sont excellents, le talent de Leïla Bekhti impressionne dans la scène où la police la sépare de son fils, Pourtant j'ai eu du mal à croire, paradoxalement, à Kheiron lui-meme, peu crédible dans ce rôle comique d'une naïveté consternante, sorte de candide optimiste face à la révolution islamique, ou à l'arrivée en France, face aux problèmes dans sa banlieue.
Jamais l'humour ne quitte les situations dramatiques, la dérision s'érige ici, en rempart contre la difficile vie d'immigré et la pauvreté matérielle, contre-balancée par les richesses qui viendront des rencontres, celles de la prison, ou de l'association de quartier.
Loin du réalisme de Dheepan de Jacques Audiard ou de la pure comédie, c'est une belle surprise jusqu'à la fin du générique, avec une forme originale qui marque les qualités du jeune réalisateur. Une ode un brin optimiste, avec un comique, qui fait parfois mouche, mais trop poussé (on ne marche pas forcément avec les jambes arquées après avoir fait du cheval!) qui devrait trouver succès auprès du public.