Projeté une première fois dans le cadre du Festival Américain du Film de Deauville, « Experimenter » fait une sortie discrète dans les complexes cinématographiques français. Et pourtant, le biopic de Michael Almereyda mériterait une promotion un peu plus importante. Pour son casting, sa thématique mais surtout pour la réalisation remarquable dont il fait preuve !
Si le sujet central du film est la vie de Stanley Milgram et sa célèbre expérience testée dans les années 60, c’est aussi l’occasion de découvrir le personnage qui se cache derrière les statistiques, d’aborder les différentes autres études qu’il a menées (et qui sont sans doute moins populaires) et d’en tirer les conséquences qui s’imposent. Vulgarisées, imagées, elles prennent un sens nouveau qui saura enrichir notre culture générale.
Bien sûr, sa célèbre expérience n’a de secret pour personne et ceux qui la connaissent n’apprendront rien de nouveau mais saviez-vous que le psychologue américain avait concocté d’autres tests tout aussi surprenants ? Controversé à l’époque, il a néanmoins révolutionné son temps et présentés des constats interpellants évoqués çà et là dans cette biographie savamment réalisée.
En effet, Michael Almereyda (« Hamlet », « Anarchy », deux de ses long-métrages dont Ethan Hawke est la vedette) change son mode de réalisation et sa photographie selon les époques filmées. On assiste ici à un exercice de style quasiment inédit s’approchant du documentaire cinématographique. Impressionnant, le travail effectué par le metteur en scène à de quoi faire parler de lui.
Mais passons outre de la technique car à côté de tout ce savoir et savoir-faire, on trouve deux comédiens hors pairs. Tout d’abord, Peter Sarsgaard, étoile montante du cinéma américain. Vu de nombreuses fois ces dernières années dans des interprétations remarquables (« Strictly criminal », « Le prodige »), il s’immisce dans la vie de Milgram avec une certaine décontraction. Sa physionomie ne se rapproche pas plus que cela du personnage qu’il incarne mais qu’importe : il assume son rôle à la perfection. Par son attitude, son look, son détachement, il démontre qu’il fait partie des grands de son époque.
Et Winona Ryder le suit haut la main. Annoncée à l’affiche de « Beetlejuice 2 », la comédienne incarne la classe et l’intelligence de façon concluante. Le duo s’est trouvé et on ne peut que l’approuver.
Mais trêve de compliments. Bien que recelant de jolies qualités, le film a cependant un défaut majeur : sa lenteur ! Intéressant et très beau visuellement, sa dynamique gagnerait à être repensée pour éviter aux spectateurs de décrocher.