A l'aube des années 50, le cinéma américain commençait à s'intéresser un peu aux arcanes du monde psychiatrique. Ni une, ni deux, Anatole Litvak ouvrait la porte et réalisait donc cette « Fosse aux serpents », qui tiré d'une histoire vraie, nous montre le long processus de réhabilitation d'une jeune femme internée dans un hôpital psychiatrique après avoir fait une énorme dépression l'ayant conduite à la folie. Commençons par ce qui à mon goût cloche un peu. Premièrement, le film comporte quand même quelques scènes superflues. Notamment l'une des dernières (
où les patientes se laissent aller à accorder quelques pas de danse à des messieurs
). Je ne sais pas. J'ai eu l'impression que cette petite partie ne s'imposait pas vraiment. Deuxièmement, on pourra être quand même quelque peu déçu de la fin même si on avait à l'avance qu'elle serait ainsi. Je crois que, pour le coup, une petite entrave à l'histoire, avec l'aval de la principale intéressée bien évidemment aurait été souhaitable. Vue la gravité du ton, ça aurait été plus adéquat. Et troisième défaut (Litvak n'y est pour rien), c'est que le film (1948 oblige) est charcuté par le code Hays. Ainsi, nous sommes par exemple privés des scènes de narcoses dans tout ce qu'elles ont de plus explicite. Venons en aux qualités. Premièrement, l'histoire est solide et menée d'une main de maître (Litvak n'étant pas n'importe qui). Deuxièmement, la réalisation est au point. En témoigne ce plan aérien en fin de film où la section 12 (ou 33 je ne sais plus) avec ses nombreuses patientes est filmée de haut, donnant véritablement l'impression que l'héroïne est plongée dans une fosse à serpents. En témoigne aussi la façon dont Litvak détourne le code Hays pour filmer en toute subjectivité les séries d'électrochocs. Et troisièmement, l'interprétation d'un casting très inspiré et mené par une excellente Olivia de Havilland dont la prestation serait à montrer dans tous les cours d'arts dramatiques. Sur le même monde, suivront ensuite « Shock Corridor » de Fuller et le surpuissant « Vol au-dessus d'un nid de coucou » de Forman.