Lorsque vous êtes sur le point de regarder un film que vous avez beaucoup aimé il y a 40 ans, vous n’échappez pas à cette interrogation : comment a-t-il vieilli ? Ou plutôt : avez vous, oui ou non, bien vieilli ensemble ? En effet, en 40 ans, le monde a changé, le cinéma a changé, vous avez changé. Avec "Neige", on est vite rassuré : oui, beaucoup de choses ont changé depuis le 17 mai 1981, date à laquelle il a été projeté en compétition officielle au Festival de Cannes avant de sortir en salles 3 jours plus tard, mais l’émotion est toujours présente à la vision de ce film, une émotion à laquelle vient s’ajouter aujourd’hui une bonne dose de nostalgie. "Neige", c’est une représentation ne cherchant absolument pas à porter un quelconque jugement d’un certain quartier à une certaine époque : Pigalle, Barbès, la Place Blanche, un quartier cosmopolite, certains diront mal famé, avec ses bars, ses boites de nuit, ses cabarets, ses maisons de jeu clandestines, ses cinémas où le porno voisine avec les films venant du Moyen-Orient ou du Maghreb, un quartier où se croisaient, où se croisent peut-être encore, des prostituées, des macs, des drogués, des dealers, des joueurs, des travestis, des strip-teaseuses, des flics. Une époque où, pour 10 ans encore, il y avait des wagons de première classe dans le métro parisien.