Après presque 30 ans, la saga Chucky fait figure d'exception au sein des vieilles franchises horrifiques. Non seulement elle est l'une des rares à ne toujours pas avoir été rebooté. Mais elle est également la seule avec Phantasm, à avoir un cast régulier et surtout un même scénariste depuis le premier film, Don Mancini. Lequel n'a d'ailleurs quasiment rien fait d'autre de sa carrière. Egalement réalisateur depuis l'opus 5, on comprend qu'il veuille, à défaut de pouvoir faire des films autres que Chucky, diversifier un maximum chaque épisode.
Après des épisodes de plus en plus parodiques, au point de rivaliser avec Scary Movie lors du Fils de Chucky, la saga est revenu aux sources dans le 6ème épisode, renouant avec le sérieux du premier film. Etant désormais une saga DTV, les Chucky n'ont plus le même budget qu'avant, Mancini a alors fait le choix judicieux de centrer son intrigue en un lieu principal. Après le manoir de La Malédiction de Chucky, place à un asile psychiatrique dans ce Retour de Chucky (quel titre français stupide ! Chucky est de retour dans chaque film...). Les références à des classiques 80's ne manquent pas. Si on pense inévitablement à Freddy 3, situé lui aussi dans un asile, on retrouve également un point scénaristique important de Fright Night 2, quand le héros avait fini par se persuader que les événements du premier film étaient le fruit de son imagination. Il en est de même ici pour Nica, survivante du précédent film.
Mais les références sont surtout à voir du côté des Chucky antérieurs. En effet, rarement saga 80's aura eu une telle consistance et cohérence dans sa continuité. S'il est courant depuis l'ère James Wan (les Saw en particulier) de voir des sagas créées comme des séries TV, avec des cliff, des indices disséminés dans un épisode qui auront leur importance plus tard... Ce n'était pas le cas auparavant où les scénaristes semblaient chacun se moquer du travail fait par les précédents. Halloween et Massacre à la Tronçonneuse sont des modèles de chronologies incompréhensibles. Chucky, tout en restant old school a su tirer le meilleur de la construction moderne des sagas d'horreur, on retrouve donc plein de rappels d'anciens films, certains mystères sont enfin résolus, rétroactivement, tout devient plus cohérent. Le retour d'Andy Barclay et d'un autre perso dans la scène post générique (Donc oui, il y aura un Chucky 8) en sont de parfaites illustrations.
Cet opus, moins sérieux que le 6, mais moins barré que les 4 et 5 est dans la lignée de Chucky 2 et 3 niveau ton. Mancini s'est également fait plaisir en étant moins manichéen qu'à l'accoutumée, via notamment le personnage très malsain du psy. Il joue sur l'ambiguité de la schizophrénie des personnages pour créer des scènes oniriques que ne renieraient pas David Lynch. Le film sans être particulièrement génial (mais le précédent ne l'était pas non plus), loin de transcender son état de simple DTV reste néanmoins un ajout intéressant à la franchise, mais uniquement à destination des gros fans. Ce film sera globalement incompréhensible si vous n'avez pas vu les précédents et c'est ce qui en fait sa force. Ne pas chercher à tout prix à plaire au plus grand nombre ! Un twist intéressant semble relancer Chucky pour encore au moins 2 ou 3 films. A l'heure où Leatherface et Michael Myers font également leur grand retour, Cult of Chucky prouve que les vieilles sagas sont aussi increvables que leurs méchants.
En espérant attendre un peu moins que 4 ans pour le 8 !