Regardez l'affiche ! Une bande d'hommes et de femmes vous sourit. C'est l'exacte image que vous retiendrez de ce film qui fait un bien fou! Pourtant le point de départ n'a rien d'engageant. La caméra se fixe sur une femme algérienne de 75 ans, illettrée, mère de onze enfants, taciturne et le foulard vissé sur la tête. Du jour au lendemain suite à un courrier (lu par une amie), elle essaie de rejoindre Cheverny où vit la veuve d'un ancien employeur qui désire lui remettre une boîte que son mari lui a légué. Le film suit ce périple improbable mais qui cache un secret de jeunesse ainsi que les enfants décontenancés par la disparition de leur mère, qui, réunis dans son appartement, vont eux aussi découvrir des choses insoupçonnées.
Ce qui fait du bien dans ce premier film de Fejra Deliba, c'est qu'au milieu de cette histoire, elle fait voler sans prétention quelques clichés sur les familles arabes des banlieues, en abordant délicatement et mine de rien, tous les sujets actuels, de la montée de l'intégrisme jusqu'à l'homosexualité. Sur le ton de la comédie énergique, les enfants, tous joués avec brio par une formidable bande de comédiens, dynamisent un scénario aux allures pépères ( on pourrait dire ici mémère...) et apportent au film une vraie fraîcheur. La mère, qui sert de contrechamp, traitée avec beaucoup de respect, fait également voler quelques clichés. Oui, on a beau ne savoir ni lire ni écrire, avoir eu onze enfants avec un même homme, être pétrie de religion, on peut très bien avoir eu une vraie passion amoureuse secrète ! Les enfants refusent d'y croire et nous spectateurs, on pourraient bien avoir ces mêmes oeillères qui consistent à enfermer dans des rôles bêtement définis nos parents. C'est bien connu, la sexualité des parents est souvent niée. On oublie trop facilement qu'ils ont été jeunes ! Nous sommes accrochés, séduits, émus par toute cette famille française d'aujourd'hui.
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